L'Encyclopédie sur la mort


Orage

Quand l’orage éclate, on a le choix entre chercher un abri ou se livrer à la nature les bras ouverts sous la pluie et face au vent.
Dans son nouveau recueil, «Orage», Cristina Castello non seulement s’offre à l’orage de la vie, mais se livre — et ainsi nous délivre — en convoquant les éléments déchaînés, métaphores de notre monde et de nos sociétés en plein bouleversement.
Dans un mouvement dialectique qui aux méfaits d’Arès (le dieu de la guerre) oppose les charmes de sa femme Aphrodite (la déesse de l’amour), la poésie de Cristina Castello nous propose comme moyen de dépassement des contradictions de notre temps les voies de la création, placées sous le signe d’Orphée, qui avec sa lyre charmait même le chien Cerbère, gardien des Enfers.
Ce choix d’Orphée n’est pas le fruit du hasard. La poésie de Cristina Castello est une symbiose entre sens et musique, qui se fécondent pour atteindre au plus profond nos sens et notre raison. Comme Orphée — aède, mais aussi Argonaute — Cristina Castello ne joue pas de sa lyre enfermée dans un donjon qui l’isole du monde. Bien au contraire. Femme de combat, elle est plongée au cœur des luttes de notre époque. Femme d’amour elle met son talent au service des faibles, des opprimés, des victimes de tous les temps et surtout des victimes d’aujourd’hui, les damnés de la mondialisation libérale.


Pedro Vianna
Paris, mai 2007




Et soudain l’orage berceau frémissant
Exorcise notre arc-en-ciel exsangue
Nous prophétise des paradis immédiats
Berce notre jouissance mise en charpie
Émiette les angoisses tissées sous la neige
Et nous retourne des alchimies sans échardes
Ce n’est pas la fin, me chuchote la tourmente
C’est la route, l'itinéraire, vigile, origine
La vie succombe sans nous
Sans nous la mort exulte
L’orage furtif nous efface soudain le désert
Et nous chuchote la mer au téléphone
Nous délivre de l’instant excommunié
Nous envoute, nous ravive, nous rassemble
Mon espérance
Le clavier de mes cuisses attend tes adagios
Accroupie sur tes hanches mon être te danse
Arpente tes vallées, escalade la pointe ultime de ton corps
Et l’Univers danse dans une meute de violons révoltés
Je ne veux pas t’embaumer tu ne veux pas me vampiriser
Nous sommes libres et célébrons l’infini de l’instant
Nous ne nous élisons pas, nous n'avons pas décidé
Debussy nous enfante dans Jardins sous la pluie
La vie unit nos racines
Et le mystère nous incarne en son âme
Chair de sa chair incendiée
Nous ne sommes ni pour un jour ni pour une heure
Nous sommes pour Jamais et Toujours
Maintenant plus d’orchidées creuses d'absence
Le silence est une librairie aux poèmes qui chantent
Et dansent notre irrationnelle soif Céleste
En constellations de dauphins conjurés
Qui éclairent l’enfance de Dieu.

« Orage »
par Cristina Castello

Paris, 26 juillet 2006

© in Orage/Tempestad

Date de création:2012-05-18 | Date de modification:2012-05-18

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