L'Encyclopédie sur la mort


Mon sabot de Noël

Émile Nelligan

L'hiver et, plus particulièrement la période de Noël porte le poète à l'ennui* et à la mélancolie*.On observe le contraste entre la première partie du poème débordant de gaîté enfantine et la deuxième partie où la noirceur du sabot déteint sur l'ennui* des coeurs tristes. Tristesse rime avec artiste, noir avec désespoir.

Jésus descend, marmots, chez vous,
Les mains pleines de gais joujoux.


Mettez tous en cette journée,
Un bas neuf dans la cheminée.


Et soyez bons, ne pleurez pas...
Chut ! voici que viennent ses pas.


Il a poussé la grande porte,
Il entre avec ce qu'Il apporte...


Soyez heureux, ô chérubins !
Chefs de Corrège ou de Rubens...


Et dormez parmi nos langes,
Ou vous ferez mourir les anges.


Dormez, jusqu'aux gais carillons
Sonnant l'heure des réveillons.


II


Pour nous, fils errants de Bohême,
Ah ! que l'Ennui fait Noël blême !


Jésus ne descend plus pour nous,
Nous avons trop eu de joujoux.


Mais c'est mainte offre nouveau-née
Dans l'infernale cheminée.


Nous avons tant de désespoirs
Que notre sabot en est noir.


Les meurt-de-faim et les artistes
N'ont pour tout bien que leurs coeurs tristes.
Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30

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