L'Encyclopédie sur la mort


Logique et langage de la psychiatrie

Thomas Szasz

L'auteur, qui définit la psychopathologie: «ou comment transformer des problèmes existentiels en «maladies», nous met en garde contre la logique et le langage de la psychiatrie lorsqu'elle considère et traite la personne suicidaire comme un malade mental en lui enlevant ainsi son pouvoir de liberté*
Au cours des années, l'enfant apprend la nécessité mais aussi les limites de son indépendance. Pour peu qu'il ait du goût et du talent pour l'autonomie*, cet enfant devient un homme capable de commander à sa destinée ... et parfois aussi à son Destin. Voilà pourquoi celui qui choisit d'être son propre maître, choisit parfois aussi d'être son propre bourreau.

[...]

Aujourd'hui, si un prêtre partait évangéliser les païens en affirmant que ces derniers n'attendent que lui pour être baptisés et sauvés de l'ignorance, on lui répondrait sans doute qu'il «prêche pour sa paroisse», autrement dit, que les païens ne lui ont rien demandé du tout et que c'est lui plutôt qui brûle de désirs apostoliques. Par contre, quand un psychiatre vient vous dire que celui qui tente de se suicider cherche en fait à être sauvé et ne demande qu'à vivre, alors là tout le monde s'incline devant une vérité scientifique: c'est-à-dire objective et naturellement indépendante de la subjectivité du savant!

Nous sommes les prisonniers du langage et de la logique, tout aussi sûrement que des lois et des prisons ... alors prudence! car si l'on admet que le suicide est une maladie parce qu'il aboutit à la mort, et que d'autre part on considère que la fonction du médecin est d'empêcher la mort par tous les moyens ... on découvre rapidement et en bonne logique que le seul remède au suicide s'appelle liberticide!

[...]

Si la notion de santé est de loin la métaphore de prédilection de la psychanalyse, elle a également usurpé le concept de croissance... En effet, tous les «Psy» vous parleront avec emphase «de la croissance, du développement et de la maturité d'une personnalité». Pourtant, à mon sens, ce qui fait de l'humain un homme c'est son libre arbitre, sa faculté de faire des choix et d'en supporter les conséquences... Le gland ne choisit pas de devenir chêne, mais le jeune homme est libre de devenir médecin ou dentiste, prêtre ou paysan... libre aussi de développer lui-même ses tendances tyranniques ou au contraire son amour de la tolérance.
Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30

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