L'Encyclopédie sur la mort


Les funérailles de Patrocle

Homère

Dans le chant 23 de L'Iliade, Achille organise des funérailles grandioses à Patrocle, son compagnon et confident, tué par Hector. C'est Patrocle lui-même qui est venu lui supplier de ne pas l'oublier, d'incinérer son corps et de déposer ses cendres
dans la même urne que celle destinée à Achille: «Qu'une seule urne reçoive nos cendres, cette urne d'or que t'a donnée ta mère vénérable.» Le poème véhicule la croyance de la survie de l'âme dans le Hadès, «comme une vaine image, et sans corps».
Chant 23
Et l'âme du malheureux Patroklos lui apparut, avec la grande taille, les beaux yeux, la voix et jusqu'aux vêtements du héros. Elle s'arrêta sur la tête d'Akhilleus et lui dit :

- Tu dors, et tu m'oublies, Akhilleus. Vivant, tu ne me négligeais point, et, mort, tu m'oublies. Ensevelis-moi, afin que je passe promptement les portes d'Aidès. Les âmes, ombres des morts, me chassent et ne me laissent point me mêler à elles au-delà du fleuve ; et je vais, errant en vain autour des larges portes de la demeure d'Aidès. Donne-moi la main; je t'en supplie en pleurant, car je ne reviendrai plus du Hadès, quand vous m'aurez livré au bûcher. Jamais plus, vivants tous deux, nous ne nous confierons l'un à l'autre, assis loin de nos compagnons, car la Kèr odieuse qui m'était échue dès ma naissance m'a enfin saisi. Ta Moire fatale, ô Akhilleus égal aux Dieux, est aussi de mourir sous les murs des Troiens magnanimes ! Mais je te demande ceci, et puisses-tu me l'accorder: Akhilleus, que mes ossements ne soient point séparés des tiens, mais qu'ils soient unis comme nous l'avons été dans tes demeures. Quand Ménoitios m'y conduisit tout enfant, d'Opoèn, parce que j'avais tué déplorablement, dans ma colère, le fils d'Amphidamas, en jouant aux dés, le cavalier Pèleus me reçut dans ses demeures, m'y éleva avec tendresse et me nomma ton compagnon. Qu'une seule urne reçoive donc nos cendres, cette urne d'or que t'a donnée ta mère vénérable.

Et Akhilleus aux pieds rapides lui répondit :
- Pourquoi es-tu venu, ô tête chère ! et pourquoi me commander ces choses ? Je t'obéirai, et les accomplirai promptement. Mais reste, que je t'embrasse un moment, au moins ! Adoucissons notre amère douleur.

Il parla ainsi, et il étendit ses mains affectueuses ; mais il ne saisit rien, et l'âme rentra en terre comme une fumée, avec un âpre murmure. Et Akhilleus se réveilla stupéfait et, frappant ses mains, il dit ces paroles lugubres :

- Ô Dieux ! l'âme existe encore dans le Hadès, mais comme une vaine image, et sans corps. L'âme du malheureux Patroklos m'est apparue cette nuit, pleurant et se lamentant, et semblable à lui-même ; et elle m'a ordonné d'accomplir ses voeux.
Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30

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