« La Cascade du Styx » dans Alain Nadaud, Aux portes des Enfers. Enquête géographique littéraire et historique, Arles, Actes Sud, « Aventure », 2004, p. 147- 168. L'auteur commence son chapitre par situer géographiquement le Styx. Puis, il décrit son aventure à la découverte non seulement du Styx, mais de sa source. Précises et impressionnantes, les descriptions qu'il nous offre du rocher d'où jaillit l'eau de la cascade ainsi que du fleuve lui-même. Et surtout, l'auteur parvient à nous faire partager son étonnement et son trouble devant le caractère insaisissable de la présence intrigante de ce phénomène naturel qui a inspiré la crainte des Anciens. et a exercé sur eux sa séduction. Le fleuve n'est ni sale ni empoisonné, mais il est indifférent et sévère. Le Styx est glacial et mystérieux comme la mort.
Le Styx est situé dans le Péloponnèse, appelé aussi presqu'île de Morée, au Nord de l'Arcadie, qui est une région formée par un plateau couvert de forêts et de pâturages, entouré de hautes montagnes dont plusieurs dépassent les deux mille mètres. Sn sol calcaire est percé de cavernes, où jadis les ours trouvaient refuge. Il est sillonné de nombreuses rivières, telle la célèbre Alphée, qui passait pour couler en remontant vers sa source. À partir de Corinthe, nous en longeons la côte nord en direction de l'ouest. (o.c., p. 147)
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[Alain Nadaud emprunte à Apulée, Les Métamorphoses la description assez fidèle que Vénus fait du rocher à Psyché, l'amante de son fils dans le but de l'éliminer] « Vois-tu, dominant un très haut rocher, la cime de cette montagne escarpée? Là se trouve une source sombre : celle des ondes noires qui, recueillies dans un bassin au creux de la vallée voisine, se déversent dans les marais du Styx et alimentent les rauques courants du Cocyte. Je veux qu'au sommet même où la source jaillit des entrailles de la terre, tu puises de son onde glacée et, sans retard, m'en rapporte la petite urne que voici. » (o.c., p. 151-152)
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[Nadaud cite Raoul Baladié] « Le site très impressionnant de la cascade, une immense falaise verticale au fond d'une gorge étroite et désolée, la température glaciale de l'eau qui descend directement des névés couronnant les sommets du mont Khelmos expliquent les légendes qui entourent ce phénomène naturel, et notamment la conviction qui se retrouve chez tous les anciens que cette eau est mortelle alors que l'analyse chimique a montré qu'elle ne contenait aucune substance nocive. » (o.c., p. 166)
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Outre que la cascade surgit du coeur de la paroi, à quelque distance de son sommet, comme si elle sortait réellement des entrailles de la terre, c'est aussi ce goutte à goutte, par ce qu'il a de décevant, qui a intrigué et ajouté à la réputation du Styx. Il est vrai que, même au printemps, comme je l'ai constaté, jamais l'eau ne bouillonne ni ne rebondit sur des surplombs rocheux en écume abondante et blanche, ainsi que le ferait n'importe quelle autre cascade. Jamais elle ne dépasse le stade du mince filet argenté qui, sur son mur de schistes noir et rouge, peu à peu se transforme en embruns. Et c'est justement là ce qui lui donne sa vraie personnalité, en fait un être impassible, inhumain et pourtant presque vivant. [...] Indifférente, elle se contente de laisser sa chevelure flotter au vent et de garder un air hautain, mystérieux et sévère. Quelque chose d'insaisissable, presque d'arrogant, ajoute à son caractère énigmatique. (o.c., p. 167)
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[Alain Nadaud emprunte à Apulée, Les Métamorphoses la description assez fidèle que Vénus fait du rocher à Psyché, l'amante de son fils dans le but de l'éliminer] « Vois-tu, dominant un très haut rocher, la cime de cette montagne escarpée? Là se trouve une source sombre : celle des ondes noires qui, recueillies dans un bassin au creux de la vallée voisine, se déversent dans les marais du Styx et alimentent les rauques courants du Cocyte. Je veux qu'au sommet même où la source jaillit des entrailles de la terre, tu puises de son onde glacée et, sans retard, m'en rapporte la petite urne que voici. » (o.c., p. 151-152)
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[Nadaud cite Raoul Baladié] « Le site très impressionnant de la cascade, une immense falaise verticale au fond d'une gorge étroite et désolée, la température glaciale de l'eau qui descend directement des névés couronnant les sommets du mont Khelmos expliquent les légendes qui entourent ce phénomène naturel, et notamment la conviction qui se retrouve chez tous les anciens que cette eau est mortelle alors que l'analyse chimique a montré qu'elle ne contenait aucune substance nocive. » (o.c., p. 166)
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Outre que la cascade surgit du coeur de la paroi, à quelque distance de son sommet, comme si elle sortait réellement des entrailles de la terre, c'est aussi ce goutte à goutte, par ce qu'il a de décevant, qui a intrigué et ajouté à la réputation du Styx. Il est vrai que, même au printemps, comme je l'ai constaté, jamais l'eau ne bouillonne ni ne rebondit sur des surplombs rocheux en écume abondante et blanche, ainsi que le ferait n'importe quelle autre cascade. Jamais elle ne dépasse le stade du mince filet argenté qui, sur son mur de schistes noir et rouge, peu à peu se transforme en embruns. Et c'est justement là ce qui lui donne sa vraie personnalité, en fait un être impassible, inhumain et pourtant presque vivant. [...] Indifférente, elle se contente de laisser sa chevelure flotter au vent et de garder un air hautain, mystérieux et sévère. Quelque chose d'insaisissable, presque d'arrogant, ajoute à son caractère énigmatique. (o.c., p. 167)