L'Encyclopédie sur la mort


Le jardin

Marina Tsvétaïeva

Le jardin semble jouer un rôle important dans l'imaginaire de la poète. Dans ses Carnets, nous lisons:

Nous voyons en rêve un jardin – c’est merveille !
Où planent des colombes dans le brûlant azur.

Marina Tsvétaïeva n’aime pas le monde dans lequel elle vit car elle n’y voit pas de place pour elle. «Les poèmes des années trente, La Table, Un Jardin, Solitude, Le Buisson traduisent explicitement cette solitude ontologique du poète qui sait bien que la perte et le renoncement font partie intégrale de l’impératif poétique et que ce qui définit le poète est le sacrifice de lui-même, le don de soi poussé jusqu’au bout au nom de l’accomplissement d’un devoir, avançant avec une inlassable assiduité «en avant vers des tourments de feu», «en avant vers la Terre Promise» à la rencontre des réalités ultimes.» (Chantal Crespel, «Transcendance et mysticisme dans l'oeuvre de Marina Tsvetaeva»
http://www.maisondelapoesie.be/UserFiles/File/crespel.pdf
Pour cet enfer,
Pour ce délire,
Donne un jardin,
Pour y vieillir.

Pour mes vieux jours
De chien, tu donnes:
L'ombreux jardin
Des ans brûlants...

Pour un fuyard
Donne un jardin:
Sans ni personne,
Sans ni une âme.

Jardin: nul pas!
Jardin: nul oeil!
Jardin: nul rire!
Jardin: nul cri!

Sans nulle oreille
Donne un jardin.
Sans un parfum!
Et sans nulle âme!

Tu me diras: «Assez souffrir, prends
Ce jardin, seul comme toi!»
(Toi aussi! tu le quitteras!)
«Prends ce jardin, comme toi seul.

Un tel jardin pour les vieux jours!»
- L'autre jardin? ou peut-être est-ce l'autre monde?»
Donne-le moi pour ma vieillesse,
Ou l'absolution de l'âme.

Traduit par Elsa Triolet
Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30

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