L'Encyclopédie sur la mort


Immolations par le feu et autres suicides

Éric Volant

La France a été très éprouvée par une succession de suicides qui se sont produits dans un très court laps de temps (entre le 13 et le 16 octobre 2011) et dont nous avons été informés par l'agence de presse APS, France. Ce qui nous frappe dans l'ensemble de ces cas douloureux, outre leur coïncidence dans le temps, c'est le nombre d'immolations par le feu et le nombre de suicides ayant eu lieu dans le milieu de l'éducation (enseignante, élève et employé). Certaines personnes de ce groupe de suicidaires souffraient d'une certaine fragilisation due à une dépression ou à une fatigue de la vie, à une perte amoureuse ou financière, se sentaient victime d'un possible harcèlement. Mais ces caractéristiques, liées au profil de ces individus et de leur environnement, tout en étant importants, révèlent en même temps l'existence d'une crise sociale : l'absence de reconnaissance des personnes dans l'exercice de leur travail et profession, la violence des jeunes à l'école à l'égard de leurs semblables et de leurs enseignants, l'isolement des aînés en manque de traitement ou de services. Tous ces phénomènes sont associés à la mondialisation de la crise économique et financière, à la fois fort médiatisée et affectant de manière directe et immédiate des entreprises, des travailleurs et leurs familles. Inversement, une société de consommation qui, par sa publicité aussi sollicitante que mensongère, crée des paradis artificiels et des frustrations à cause des besoins non satisfaits. Dans l'espace publique si peu de place est consenti au durable et à l'essentiel, au sens de l'existence et au bien vivre ensemble.
Immolations par le feu

Une enseignante du lycée Jean-Moulin de Béziers (Hérault) est décédée le 15 octobre 2011, après s'être immolée par le feu jeudi le 13 octobre dans la cour de l'établissement. La victime, professeur de mathématiques, donnait des cours depuis 10 ans dans ce lycée de 3 000 élèves, deuxième cité scolaire du Languedoc-Roussillon. Selon plusieurs témoins, elle avait annulé le cours qu'elle devait donner le matin de son geste. Puis, peu avant la récréation, elle s'est placée sous le préau et s'est aspergée d'essence, très calmement, avant d'y mettre le feu et d'avancer dans la cour sous les yeux des élèves, terrifiés, dont certains lui sont venus en aide. D'après la direction, l'enseignante, fragilisée recevait des traitements médicaux.

Dans un communiqué, François Hollande évoque « un traumatisme sans précédent » pour les membres de la communauté éducative. Notant que l'école est « toujours le reflet de notre société », le député de Corrèze estime que « plus que jamais (...) notre société a besoin de retrouver beaucoup d'humanité, de solidarité mais aussi de considération et de reconnaissance envers les enseignants, victimes d'un mal-être grandissant ».

Âgé de 27 ans, un employé du lycée Maximilien-Sorre de Cachan (Val-de-Marne) s'est tué le soir du vendredi 14 octobre 2011, après s'être jeté du quatrième étage de son logement de fonction dans l'établissement. Il aurait été suivi pour dépression. L'employé faisait partie des personnels administratifs, techniciens, ouvriers, sociaux et santé (Atoss) du lycée et n'était pas en service au moment des faits. Les raisons qui l'ont poussé à mettre fin à ses jours ne sont pas encore connues.

Phénomène de contagion ou d'imitation?

Une femme de 77 ans s'est immolée par le feu dimanche matin le 16 octobre à Talence, dans la banlieue de Bordeaux. La septuagénaire, qui vivait seule avec son fils handicapé dans un appartement, s'est aspergée d'essence dans un bosquet, non loin de son immeuble, avant de s'enflammer, selon la même source, confirmant une information du Sud-Ouest sur son site internet. Ce sont des voisins qui ont donné l'alerte après avoir découvert le cadavre. Selon toute vraisemblance, elle a mis fin à ses jours par « fatigue morale » et « lassitude de la vie », a-t-on indiqué. Au moment du drame, son fils était dans l'appartement. La dame aurait déjà tenté de mettre fin à ses jours.

Une femme de 61 ans, dépressive, a tenté de s'immoler par le feu le dimanche après-midi 16 octobre 2011 dans son appartement à Aix-les-Bains, en Savoie. La sexagénaire, dont le pronostic vital est engagé, a été transportée au centre des Grands brûlés de l'hôpital de Lyon. La retraitée, qui s'était aspergée d'essence avant de s'enflammer, a été retrouvée allongée dans le hall de son appartement par les pompiers. Inquiète de ne pas avoir de ses nouvelles, une amie de la victime avait donné l'alerte aux secours.

Le même jour, dans la banlieue de Bordeaux, une septuagénaire qui vivait seule avec son fils handicapé, a mis fin à ses jours en s'immolant par le feu dans un bosquet.

Autres suicides dans la même période

Un suicide d'une fille dans le milieu de l'éducation et un autre d'un homme marié suite à une séparation.

Quatre jeunes filles ont été entendues jeudi soir le 13 octobre 2011 par la police afin d'éclaircir les circonstances du suicide d'une adolescente de 15 ans qui s'est défenestrée de l'appartement de ses parents situé au 7e étage à Paris (XVIIIe).
Selon les premiers éléments de l'enquête confiée à la brigade de protection des mineurs (BPM), un groupe de jeunes filles s'est rendu ce même soir chez cette adolescente peu avant qu'elle ne se suicide. Selon une source, proche de l'enquête,
on essaie de comprendre pourquoi un groupe de jeunes filles s'est rendu chez elle et pourquoi elle s'est suicidée. Une cellule psychologique a été mise en place dès l'ouverture du collège Marx-Dormoy (XVIIIe), le lendemain matin. Le drame a provoqué « un vrai traumatisme (...). Les élèves étaient effondrés, très choqués, d'autant que certains ont été témoins sinon de la scène, du moins immédiatement après », selon une source de direction de l'école, a-t-il ajouté.

Le corps d'une femme de 49 ans a été retrouvé vendredi dans le coffre de sa voiture à Cambrai (Nord), vraisemblablement tuée par son mari dont elle était séparée, lequel a été retrouvé pendu dans la remorque de son camion jeudi à Viesly, a-t-on appris de source judiciaire. Selon les premiers éléments de l'enquête, le mari âgé de 57 ans aurait incendié l'ancienne maison du couple à Viesly, un village proche de Cambrai, selon le procureur de la République de Cambrai Jérôme Marilly.
Retrouvé pendu dans la remorque du camion de la société néerlandaise qui l'employait, garé non loin, il a succombé malgré l'intervention des médecins du Samu. Il avait dû quitter la maison le mois dernier en raison de loyers impayés, et dormait depuis dans son camion ou sa voiture, selon le magistrat. Il a laissé une lettre dans laquelle il explique qu'il a « tout perdu », a indiqué M. Marilly. Le couple s'était séparé au mois de juin.

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http://thommaty.skyrock.com


Source

http://intranet.paris.msf.org/apps/afp.nsf/xpViewTags.xsp?categoryFilter=suicide
Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30

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