Romancier et poète russe, de son vrai nom Fedor Teternikov, né à Saint-Pétersbourg en 1863, d’un père tailleur et d’une mère cuisinière. Après des études à l’École normale, il exerce d’abord la tâche d’enseignant, puis celle de censeur des études. Son premier recueil de poèmes paraît en 1896, tandis que son roman Le démon mesquin, publié en 1906, connaît un grand succès. Au lendemain de la révolution d’octobre, le destin de cet animateur fort prisé des salons littéraires de la belle époque de Saint-Pétersbourg, devenue Petrograd, bascule tragiquement dans le vide.
Hostile à la révolution, il cherche à se réfugier à l’étranger. Par deux fois, on lui accorde un passeport, mais on le lui reprend à la dernière minute. «L’esprit d’Anastasia, sa femme, ne résista pas à ces coups du sort. Dans une crise de neurasthénie, alors que Gorki avait enfin tout arrangé pour que le couple puisse partir de Petrograd, elle se jeta au printemps dans la Neva. Sologoub refusa de croire au suicide [de sa femme] jusqu’à ce que le corps [de celle-ci] fût repêché à l’automne, [revêtu de] son tailleur rouge brodé de noir. Plus jamais Sologoub ne fut le même. Il ne cherche même plus à fuir ce pays qui lui avait tout pris, jusqu’au seul amour de sa vie» (V. Fedorovski, Le roman de Saint-Pétersbourg, Paris, LGF, «Livre de poche», 2003, p. 227).
«Émigré de l’intérieur», il produira désormais une œuvre résolument pessimiste. Déjà en 1894, son goût de la solitude se révèle dans un de ses poèmes:
«O, mort! je t’appartiens. En tous lieux/Je ne vois que toi seule. Odieux/Me sont les charmes de la terre./L’exaltation des hommes m’indiffère,/Ces batailles, ces fêtes, ces foires, Tout ce bruit dans la poussière» (E. Triolet, La poésie russe, Paris, Seghers, 1971, p. 195-196).
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