L'Encyclopédie sur la mort


Rosselli Amélia

Née à Paris le 28 mars 1930 d’une mère d'origine anglaise Marion Cave et et de Carlo Rosselli, fondateur avec son frère Nello Rosselli du mouvement antifasciste « Giustizia e Libertà », Amelia Rosselli assiste au double homicide de son père Carlo et de son oncle Nello, le 9 juin 1937 à Bagnoles-de-l'Orne (Normandie). Traumatisée par ces morts violentes, Amelia Rosselli reste psychiquement marquée à vie. Régulièrement accueillie dans des hôpitaux psychiatriques pour dépression*.

« C’est le début d’une longue fuite en avant, dans laquelle se passent l’enfance et l’adolescence d’Amelia Rosselli : la famille se réfugie d’abord en Suisse, puis, chassée par l’arrivée des nazis en France, arrive en Angleterre, et s’installera enfin aux États-Unis en passant par le Canada. De cette naissance en exil et de cette enfance passée sous les bombardements, dans de continuels déplacements, la poésie de Rosselli garde de nombreuses traces – et sa langue en porte définitivement la marque, divisée entre le français, l’anglais et l’italien. Elle récuse ainsi la définition de Pasolini qui parlait à son sujet de cosmopolitisme : « Est cosmopolite qui choisit de l’être. Nous n’étions pas cosmopolites, nous étions des réfugiés », et se définit comme « fille de la Seconde Guerre mondiale ». Comme le dit justement Alessandro Baldacci, « le plurilinguisme rossellien n’est pas le signe d’une festive vitalité de la langue, ce n’est pas un euphorique jeu babélique » : c’est la marque de la persécution, de l’appartenance perdue, dont la poésie d’Amelia Rosselli gardera toujours la trace, la violence et peut-être surtout le rythme » (Texte inédit de Marie Fabre pour Terres de femmes).

Après son long séjour aux Ètats-Unis, Amelia Rosselli s’installe en Italie en 1948 à Florence d’abord, puis à Rome. Elle partage son temps entre les études littéraires, philosophiques, mathématiques et musicales. Elle traduit des œuvres d’Emily Dickinson et de Sylvia Plath. Amelia Rosselli commence sa propre écriture dès 1950. Elle déclare n’avoir jamais dissocié, la forme musicale de la forme poétique. Elles est la recherche d'un langage universel, un « esperanto émotif » qui a pour effet de libérer l'âme de ses douleurs profondes.

Amelia Rosselli se suicide, dans l'après-midi du dimanche 11 février 1996, du haut d'une mansarde de la via Del Corallo à Rome, trente-trois ans, jour pour jour, après le suicide de Sylvia Plath* (11 février 1963) dont elle fut la traductrice italienne.

« L’enjeu de la traduction chez Rosselli serait alors à la fois celui de se désapproprier (au sens derridien du terme, comme on le verra) l’italien en tant que langue nationale en démasquant son caractère artificiel et ses contraintes socio-politiques grâce à la stratégie d’invention linguistique; à la fois s’approprier l’italien en tant que langue poétique, un italien consciemment contaminé et hybridé par les traces d’une langue autre – l’américain des poétesses qu’elle traduit – et, par le biais de ces traductions, qui revendiquent l’originalité de « l’impureté » linguistique, fonder sa légitimité esthétique (grâce au capital symbolique rattaché à la position des poétesses américaines célèbres) et aspirer ainsi à une reconnaissance dans le panorama poétique italien.

[...]

D’ailleurs, inventer une langue représente pour Rosselli moins la recherche de sa propre parole (au sens saussurien du terme), caractérisant tout acte poétique, qu’une véritable nécessité, voire le moyen de pouvoir s’exprimer au-delà justement de la langue de la loi, voire du pouvoir – en demeurant toujours outside les systèmes normés – et au-delà même de toute convention ».

http://www.trickster.lettere.unipd.it/doku.php?id=lingue_future:ventimiglia_rosselli

Oeuvres

Les œuvres d’Amelia Rosselli ont d’abord été publiées dans des revues, puis rassemblées dans différents recueils.
Consulter: Florence Trocmé et Angèle Paoli, « Amélia Rosellii. Bibliographie »

http://www.paperblog.fr/1269110/amelia-rosselli/

Poème

Se non è noia è amore. L’intero mondo carpiva da me i suoi
sensi cari. Se per la notte che mi porta il tuo oblio
io dimentico di frenarmi, se per le tua evanescenti braccia
io cerco un’altra foresta, un parco, o un avventura: ―
se per le strade che conducono al paradiso io perdo la
tua bellezza : se per i canili ed i vescovadi del prato
della grande città io cerco la tua ombra: ― se per tutto
questo io cerco ancora e ancora: ― non è per la tua fierezza,
non è per la mia povertà: ― è per il tuo sorriso obliquo
è per la tua maniera di amare. Entro della grande città
cadevano oblique ancora e ancora le maniere di amare
le delusioni amare.


Amelia Rosselli, Variazioni, 1960-1961) dans Variazioni Belliche, Le poesie, Garzanti, 1997,
réédité, collana Gli Elefanti, 2007, p. 292.


Si ce n’est ennui c’est amour. Le monde entier m’arrachait ses
chers sens. Si dans la nuit qui m’apporte ton oubli
j’oublie de me freiner, si dans tes bras évanescents
je cherche une autre forêt, un parc, ou une aventure : ―
si dans les routes qui mènent au paradis je perds
ta beauté : si dans les chenils et les évêchés du pré
de la grande ville je cherche ton ombre : ― si dans tout
cela je cherche encore et encore : ― ce n’est pas pour ta fierté
ce n’est pas pour ma pauvreté : ― c’est pour ton sourire oblique
c’est pour ta manière d’aimer. Dedans la grande ville
tombaient obliques encore et encore les manières d’aimer
les amères déceptions.

http://ellisse.altervista.org/index.php?/archives/331-Amelia-Rosselli-
traduzione-in-francese-da-Variazioni-belliche.html

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Photo d'Amélia Rosselli
http://www.museoomero.it/

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-12