De son vrai nom Jakob Raimann, Ferdinand Raimund, né à Vienne en 1790, acteur, directeur de théâtre et dramaturge, se destine à lui-même des rôles dans lesquels il incarne les archétypes de l'inconscient collectif autrichien. Ses pièces sont à la fois réalistes et féeriques, romantiques et allégoriques. Chez lui, la satire sociale « oppose des artisans vertueux aux bourgeois cupides et aux féodaux parasitaires. Les fées et les princes des esprits interviennent pour le " happy end ". Beaucoup des aphorismes populaires que contiennent ses pièces frappent encore par la justesse du ton ». (Encyclopedia Universalis)
http://www.universalis.fr/encyclopedie/ferdinand-raimund/
Rattaché en 1811 au Théâtre de Josefstadt, et en 1817, au théâtre de Leopoldstädt à Vienne, il produit Le Fabricant de baromètre sur l'île ensorcelée, 1823; Le Diamant du roi des esprits, 1824; Le Paysan millionnaire, 1826 ; Le Roi des Alpes ou le Misanthrope, 1829 ; Le Dissipateur, 1834, avec le poète dans le rôle de Valentin et avec la musique de scène des Conradin Kreutzer. Dans cette pièce, le personnage de Valentin demeure associé à la chanson célèbre Das Hobellied (La chanson du raboteur) qui fait partie du répertoire de Marlène Dietrich. Ce poème chante la fugacité et l'éphémérité de la vie. Dans la troisième strophe, la Mort invite Valentin, le raboteur: « Viens, mon petit frère [...], Mon cher Valentin, ne fais pas de façons ». Sur ces paroles de la Mort, Valentin dépose son rabot et dit adieu au monde!
1. Da streiten sich die Leut herum
Oft um den Wert des Glücks,
Der eine heißt den andern dumm,
Am End weiß keiner nix.
Da ist der allerarmste Mann
Dem andern viel zu reich:
Das Schicksal setzt den Hobel an
Und hobelt alles Gleich!
2. Die Jugend will stets mit Gewalt
In allem glücklich sein,
Doch wird man nur ein wenig alt,
Da gibt man sich schon drein.
Oft zankt mein Weib mit mir, o Graus!
Das bringt mich nicht in Wut;
Da klopf ich meinen Hobel aus
Und denk: du brummst mir gut !
3. Zeigt sich der Tod einst, mit Verlaub,
Und zupft mich: Brüderl kumm!
Da stell ich mich ein wenig taub
Und schau mich gar nicht um.
Doch sagt er: "Lieber Valentin,
Mach keine Umständ, geh!"
So leg ich meinen Hobel hin
Und sag der Welt ade!
Ferdinand Raimund s'est suicidé le 5 septembre 1836 à Pottenstein dans des conditions nébuleuses. « Au cours de l'été 1836, pris d'une peur panique à l'idée qu'il avait pu être mordu par un chien enragé, le dramaturge et comédien viennois Ferdinand Raimund se tira une balle dans la tête ». (Michael Hagner, Des cerveaux de génie: Une histoire de la recherche sur les cerveaux d'élite, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l'homme, 2008)
« Dans sa préface à la deuxième édition du Livre des chants, Heine* se remémore une pièce de Ferdinand Raimund, dans laquelle entrent en scène des personnages allégoriques représentant la jeunesse et la vieillesse. L'auteur serait mort de mélancolie*, cause véritable de son suicide, tient à rappeler le préfacier ». (Sophie Boyer, La femme chez Heinrich Heine et Charles Baudelaire : le langage moderne de l'amour, Paris, L'Harmattan, 2004).
Bibliographie
Platelle (Fanny), L'oeuvre dramatique de Ferdinand Raimund (1790-1836): L'ennoblissement de la comédie populaire viennoise, (thèse), Lille, 2003, .ANRT Diffusion, 2006. 533 pages.
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