Né le 17 février 1903 à Téhéran, Sâdegh Hedâyat appartenait à la famille de Réza Gholi Khân Hedayat, l’un des plus célèbres écrivains, poètes et historiens du XIXème siècle. Il termina ses études secondaires en 1925 après avoir étudié dans les deux grandes écoles de l’époque, «Dar-ol-fonoun» et «Saint-Louis». C’était surtout grâce à cette dernière qu’il découvrira le trésor de la langue et de la littérature françaises. L’année d’après il fut envoyé, en compagnie d’autres étudiants iraniens, en Belgique afin de poursuivre ses études. Il se rendit finalement à Paris. En 1928, il fit une première tentative de suicide* dans la Marne, heureusement déjouée par des canotiers. Il rentra finalement à Téhéran en 1930 et forma le groupe «rab’e» avec Bozorg Alavi, Massoud Farzâd et Modjtabâ Minavi, tous trois écrivains. En 1936, il effectua un voyage en Inde dont il conserva toujours une très forte impression et durant lequel il apprit la langue Pahlavi. C’est en 1943 qu’il esquissa sa collaboration avec la fameuse revue Sokhan. En 1944, il passa un ou deux mois à Tachkent en Ouzbékistan et en devint amoureux. En 1950, il partira pour Paris où l’année après, le 9 avril 1951, il se suicida par asphyxie. Il repose au cimetière du Père-Lachaise à Paris.
Profil
« Ecrivain, satiriste et fondateur du réalisme romanesque, Sâdegh Hedâyat rédigea de nombreuses nouvelles en persan qui furent notamment traduites en anglais, français, arabe et espagnol. S’insérant dans le courant pessimiste initié par Arthur Schopenhauer*, Hedâyat démontre à son tour dans son œuvre l’absurdité de la vie. La solitude, la mort et le néant constituent les thèmes principaux de ses livres. Il admire les quatrains d’un libre penseur tel que Omar Khayyâm qu’il interprète en suivant les idées de Schopenhauer : les hommes recherchent les joies terrestres pour oublier l’angoisse de la vie, tout en sachant que tout effort pour se soustraire à ce sentiment d’angoisse demeurera vain. Comme Schopenhauer, il considère l’amour, l’instinct sexuel et le vouloir-vivre comme les causes principales de la souffrance. Dans L’Abîme et autres récits, il évoque les deux causes de la souffrance de l’homme : le fait de naître et le «vouloir-vivre ». C’est pourquoi, il se définit de la façon suivante : « Ni d’ici ni d’ailleurs, chassé de là, non arrivé là ».
Il finit par se suicider au gaz, acte auquel on a attribué de multiples causes. Pour certains, son suicide serait lié à sa conviction profonde concernant l’absurdité de la vie. Cet écrivain engagé, démystificateur et impudique, souffrait en effet d’un profond mal de vivre. Il aurait considéré la répétition des mêmes actes dans le monde absurde, tout en essayant de diminuer la distance entre la vie et le néant par le suicide. D’autres estiment que sa décision aurait été motivée par son désir de fuir l’ennui (taedium vitae)* joint au sentiment qu’il ne pouvait plus rien faire pour la société et pour ses semblables. Le héros d’Enterré vivant, Extrait des notes d’un fou écrit : «Non, personne ne prend la décision de se suicider ; le suicide est en certains hommes ; il est dans leur nature, ils ne peuvent pas y échapper». Ainsi, une sorte de destin funeste poursuit la plupart de ses personnages. Végétarien, affectionnant beaucoup les animaux* (à l’instar de Schopenhauer), souscrivant aux idées majeures du nihilisme, il ne se maria pas. Refusant la vie, il courut vers la mort comme un refuge, un berceau. Il croyait fermement à la justice sociale et évoqua dans un grand nombre de ses nouvelles la dégradation des conditions de vie de sa génération. A travers les textes littéraires romantiques sur la mort, où il fait éloge du néant, il décrit l’impossibilité de s’enfuir. Dans S. G. L. L., il peint la société dans 2000 ans, décrivant un monde où la science est arrivée à résoudre tous les problèmes, et à assoiffer tous les besoins sauf la dimension fondamentalement ennuyeuse d’une vie absurde » (Roghayeh Haghighat Khâh, «Représentation de l’angoisse de Schopenhauer dans les œuvres de Gide* et Hedâyat», Revue de Teheran N° 22, septembre 2007»).
Texte intégral
http://www.teheran.ir/spip.php?article153
Oeuvre
Sâdegh Hedâyat compte, sans aucun doute, parmi les premiers écrivains et chercheurs qui ont, sérieusement et scientifiquement, traité du folklore traditionnel iranien. Ainsi, il est incontestablement le premier écrivain qui a scientifiquement décrit sa méthode de recherche et d’analyse, voire sa façon de recueillir des documents et d’établir des liens avec le peuple avec lequel il organisait des séances d’entretien. Il s’intéressait particulièrement à tout ce qui était en rapport avec la culture iranienne originelle et mettait tout en œuvre pour obtenir des renseignements exacts et scientifiques et comprendre leurs réalités sous-jacentes. (Katayoon Katouziyân, «Culture populaire iranienne,
Œuvre posthume de Sâdegh Hedâyat».
Texte intégral
Le Téhéran, N° 14, janvier 2007
http://www.teheran.ir/spip.php?article383
Sources
1. HEDAYAT, Sâdegh (collectionné par Djahânguir Hedayat), Farhangué âmiânéyé mardomé Iran, Tcheshléh, Téhéran, 5e éd. 2004, 432 pages.
2. MONTEIL, Vincent, Sâdegh Hedâyat : une réalité irréelle. In : Revue Renaissance, Vol. 1 (mars 2002), pp.36-40.
3. www.sadeghhedayat.com