L'Encyclopédie sur la mort


Happel Clara

Clara HappelClara Happel, psychanalyste d'origine juive, née le 1er octobre 1889 à Berlin, se suicida le 16 septembre 1945 à Detroit, États-Unis. Durant ses études de médecine, Clara manifesta des intérêts particuliers pour la psychanalyse et, après s'être établie à Francfort en 1921, elle commença une analyse avec Hanns Sachs (1881- 1947) et la poursuivit avec Karen Horney (1885-1952). La même année, elle est admise à la Société Psychanalytique de Berlin. Elle participa au huitième congrès International de Salzburg en 1924 où elle donna une communication sur l'homosexualité* mâle.

Quand la Société berlinoise de Psychanalyse devint l'Association allemande de psychanalyse (DPV) en 1926, Clara Happel et Karl Landauer, responsables de la sous-section de Francfort, participèrent à la fondation du Groupe de recherche de psychanalyse de l'Allemagne du Sud-Est qui deviendra en 1933 l'Institut Psychanalytique de la communauté ouvrière de Francfort. Clara interrompt la cure de psychanalyse de Laura Posner (1905 -1990), psychologue allemande et future épouse de Fritz Perls (1893-1970), psychiatre et psychanalyste allemand et fondateur de la gestalt-thérapie. Fait à signaler, en 1926, elle avait brusquement terminé l'analyse de Perls en lui conseillant de devenir psychanalyste. Elle s'installe à Hambourg pour y diriger avec Auguste Waterman un groupe de recherches psychanalytiques. À la réunion de l'Association du 18 novembre 1933, la proposition, émise par Clara, du retrait des membres juifs en protestation contre l'accession au pouvoir d'Hitler*, fut rejetée. En 1936, Clara y fut réadmise, grâce à Anna Freud et malgré les réticences d'Ernst Jones.

En janvier 1936, Clara divorce de son mari non juif et, avec ses deux enfants, elle quitte l'Allemagne pour émigrer d'abord en Palestine et puis aux États-Unis où elle devient membre de la Chicago Psychoanalytic Society en 1938. Établie à Detroit, elle fonde en 1940, avec Editha et Richard Sterba ainsi que Leo H. Bartemeier, la Detroit Psychoanalytic Society où elle donne des cours de formation et des conférences.

Au début de la deuxième guerre mondiale, demeurée très proche des émigrés de son pays d'origine, elle fut dénoncée par un patient psychotique. Arrêtée le jour même de l'attaque de Pearl Harbor et détenue pendant six semaines, elle révèle dans ses lettres à ses enfants, à l'école à New York, sa solitude et sa tristesse. Après sa libération, elle ouvre une pratique à New York, qui lui permet de passer plus de temps en compagnie de son fils marié. En dépit de son succès professionnel, elle commence à souffrir de dépression* et son état empire, lorsque, à la fin de la guerre, lui sont révélées les atrocités des camps Nazi et les ravages causés par les bombes atomiques au Japon. En plus, la citoyenneté américaine lui est refusée et ses diplômes de médecin ne sont pas reconnus. Elle mettra un terme à sa vie en septembre 1945.

De 1936 à 1945, Clara Happen a entretenu une correspondance avec son fils Peter où elle révèle sa tendance à la mélancolie* à cause de ses difficultés d'adaptation en raison des tracasseries administratives à caractère raciste et antisémitiques des États-Unis et à cause des bombardements de Hiroshima et de Nagasaki, faisant croître en elle sa crainte de l'éclatement d'une guerre nucléaire. Sa vie a été dominée par la perte: une multitude de doutes et de deuils*

Biographie

Happel, Clara. (1923), «Onanieersatzbildungen», Internationale Zeitschrift für Psychoanalyse, 9, p. 206-209.

Happel Clara (1926). Communication: «Notes on an analysis of a case of paederasty», International Journal of Psychoanalysis, 7, p. 229-236.

Happel Clara (1927), «Der Mann in der Kloake». Zeitschrift für psychoanalytische Pädagogik, 2, p. 86-89.

Eickhoff, Friedrich-Wilhelm. (1995). «The formation of the German Psychoanalytical Association (DPV): Regaining the psychoanalytical orientation lost in the Third Reich». International Journal of Psycho-Analysis, 76, p. 945-956.

Friedrich, Volker. (1988). «Letters of an emigrant: The psychoanalyst Clara Happel to her son Peter, 1936-1945». Revue internationale d'histoire de la psychanalyse, 1, p. 323-348.

Steiner, Riccardo. (1989). «It is a new kind of Diaspora», International Review of Psychoanalysis, 16, p. 35-72.

Source

Alain de Mijolla, «Clara Happel»
http://www.answers.com/topic/happel-clara

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-18