Gül Baba, poète qui a vécu à la fin du XVème siècle et au début du seizième siècle est un derviche bektashi. D’après le voyageur Çelebi, en s'appuyant sur les informations fournies par son père, Gül Baba est originaire de Merzifon et a participé à un grand nombre de guerres allant de la période du Conquérant jusqu’en 1541, année à laquelle il devint martyr lors de la conquête de Budin (Buda) à la période de Soliman le Magnifique. Les informations du voyageur Çelebi nous indiquent aussi que Scheikulislam Ebussuud Efendi a fait la prière funéraire pour Gül Baba le 2 septembre 1541 et que le Sultan Soliman le Magnifique y a également assisté. Le voyageur Çelebi précise aussi que le surnom Gül Baba (Gül signifie la rose), qui participait aux guerres avec une grande épée à la main, lui avait été donné parce qu’il portait toujours une rose sur son bonnet. Çelebi, qui visita Budin en 1663, écrit : « Gül Baba est enterré sous une coupole couverte de plomb dans un jardin de fleurs. Son tombeau est recouvert d’une couverture verte et comporte deux couronnes de l’ordre des Bektashis à ses deux bouts. Le tombeau est orné de divers versets de Coran en lettres arabes. »
Le voyageur Çelebi fit une grande erreur en confondant Gül Baba avec Gül Mehmet Dede en notant qu’il aurait vécu de la période du Conquérant jusqu’en 1541 pendant plus de 120 ans. Un arbre généalogique découvert en 1935 dans les registres appartenant au couvent Veli Baba dans le village Ilegüp dépendant de la sous-préfecture Uluborlu de Isparta ont éclairé l’identité réelle de Gül Baba. Selon cet arbre généalogique, le nom réel de « Gül Baba » est Cafer, connu aussi sous le nom de « Gül Dede ». Son père, Kutb’ül Arifin Veli’uddin İbn Yaınkılıç était du village Ilegüp. Gül Baba participa à la Bataille de Budin sur l’invitation du Sultan Soliman le Magnifique. A l’époque ottomane, lorsque l’armée s’en alla en guerre, les derviches et les poètes populaires accompagnaient aussi les soldats pour leur monter leur morale. Lorsque l’armée donnait des pauses, des prières étaient faites et des épopées racontées. Les derviches et les poètes populaires faisaient aussi la guerre lorsqu’il l’était nécessaire. Gül Baba était un des derviches qui participaient aux guerres. Les janissaires aimaient beaucoup les derviches de l’ordre des Bektashis étant donné qu’ils considéraient Hacı Bektaş Veli comme le chef de leur couvent. Gül Baba devint martyr le 1er septembre 1541 lors de la conquête de Budin (Buda) et la prière funéraire fut faite le 2 septembre 1541 dans l’Eglise Mâtyâs (Sainte Marie) qui est tournée vers la Mosquée Fethiye. Gül Baba fut enterré sur la colline appelée actuellement Gültepe-Rózsadomp. Il existe aussi certaines sources indiquant que la date de sa mort est le 2 septembre 1541. Selon les registres de la province d’Isparta, le surnom du frère de Gülbaba, Seyyid Hüseyin est Sümbül Dede. Il existe des œuvres intitulées Miftah’ül Gayb et Güldeste contenant des poèmes et des proses en style Hurûfi écrits par Gül Baba.
Au sujet de celui dont le Sultan Soliman le Magnifique disait : « Gül Baba doit être prêt à servir en tant qu’observateur de Budin », des chercheurs hongrois ont écrit plusieurs articles. Ainsi, le turcologue Gyula Nemeth essaya d’expliquer que le mot gül (rose-rit) était le mode impératif du verbe rire et que donc le surnom de Gül Baba avait un lien avec le rire. Selon l’Allemand Theodor Menzel, le surnom Gül Baba fut donné par ce qu’il portait sur sa couronne une rose qui était le signe du scheik du Couvent Bektashi. Le peintre hongrois Ferenc Eisenhut qui fit en 1886 le tableau de Gül Baba, qui actuellement garnit le mur de l’Ambassade de Hongrie à Ankara, représente la rose de Gül Baba tombée de sa couronne par terre.
La vie légendaire de Gül Baba, aimé autant par les Hongrois que par les Turcs de Hongrie, fut aussi écrite par le danois Andersen en 1841. Le compositeur hongrois J.Huszka a composé une œuvre symphonique intitulée Gül Baba. Gül Baba a également pris sa place en Hongrie dans la littérature, le cinéma et l’opéra.
Le tombeau de Gül Baba à Budapest (Hongrie), un des édifices importants de l'architecture ottomane en dehors de la Turquie est aussi un lieu de pèlerinage de la religion musulmane. Le tombeau fut restaurée en 1885 et en 1962 par le gouvernement turc.
Source : www.kultur.gov.tr