L'Encyclopédie sur la mort


Dignitas

Fondée par Ludwig Minelli, avocat, Dignitas est une association qui propose l’assistance au suicide à des étrangers autant qu’aux gens du pays. Elle a pignon sur rue dans un appartement situé au centre de la ville de Zurich en Suisse*. Sa devise est: «Vivre dignement, mourir dignement». Minelli reçoit les demandes de suicide assisté dans sa maison en pleine campagne zurichoise à Scheuren, qui fait aussi office de lieu de travail. Venus des quatre coins de la planète, des gens atteints de maladie incurable fournissent des documents médicaux adéquats et se soumettent à un diagnostic d’un des sept médecins qui collaborent avec Dignitas. Au terme de l’entretien, le médecin délivre ou non l’ordonnance pour le mélange mortel à base de penthiobarbital de sodium dilué dans l’eau. Plus de cent trente personnes ont choisi la mort et sont décédées. Près de 80% des personnes ayant obtenu la prescription médicale se sont accordé un temps de réflexion ou ont préféré mourir de mort naturelle. Mais elles se sont donné ainsi une certaine sécurité psychologique, car la mort demeure ainsi un choix disponible, si elles la désirent. Cette philosophie sur le pouvoir du moyen accessible a des affinités avec la pensée de Cioran*.Dans la chambre, au quatrième étage d’un immeuble à Zurich, appelée «La chambre du dernier voyage», une infirmière de profession, œuvrant dans le milieu des cancéreux, non rémunérée pour cette activité, aide une personne à mettre fin à ses jours. Elle prend le temps d’échanger avec la personne qui s’apprête à mourir, s’assure de la détermination de celle-ci à s’engager dans ce processus, soutient les proches présents, prépare le mélange mortel qu’elle n’administre pas elle-même. La personne, qui a demandé l’assistance, prendra elle-même le mélange. Dans les cinq minutes qui suivent, elle perdra connaissance et, dans les limites d’une heure, elle mourra. L’infirmière en informera le directeur et les autorités policières qui feront enquête et concluront par non-lieu.

En Suisse, l’aide active à mourir est possible dans le cadre d’une « aide au suicide », pas dans celui de l’euthanasie, aujourd’hui considérée comme un meurtre par la Confédération.

D’après l’article 114 du Code pénal : « Celui qui, cédant à un mobile honorable, notamment la pitié, aura donné la mort à une personne sur la demande sérieuse et instante de celle-ci sera puni d’une peine privative de liberté de trois ans au plus ou d’une peine pécuniaire. »

Le « suicide assisté », lui, n’est puni que s’il répond à un « mobile égoïste ». Concrètement, cela signifie qu’on peut aider, voire inciter, une personne à mourir dans la mesure où l’intention est altruiste et à la condition que la personne effectue elle-même le geste fatal.

www.dignitas.ch

Dignitas, la mort sur ordonnance

Des centaines de gens en fin de vie, en provenance des quatre coins du monde, viennent mourir à Zurich. Comme cette Française, écrivain, qui a accepté que Temps Présent l'accompagne dans son dernier voyage. Ceux qui veulent mourir se tournent vers Dignitas. L’association est accusée de profiter du «tourisme de la mort». Elle a accepté exceptionnellement de nous ouvrir ses portes.

La Suisse est le seul pays au monde qui permet aux étrangers de venir mourir sur son territoire. Depuis 1998, plus de mille personnes ont déjà fait le voyage à Zurich pour mourir avec Dignitas, fondée par l’avocat controversé Ludwig Minelli. Des personnes atteintes de maladies, graves, incurables, avec des souffrances intolérables, mais pas seulement. Dignitas revendique ouvertement le droit au suicide pour une large catégorie de population. Décrié et souvent épinglé dans la presse, Ludwig Minelli n’a pour l’instant rien à se reprocher. Mais le tourisme de la mort pratiqué par Dignitas dérange, en particulier les politiques qui affirment «ne pas vouloir de ça chez nous», même si la majorité de la population suisse est en faveur de l’assistance au suicide.

Temps Présent a obtenu un accès quasi illimité au travail de Dignitas, très différent de celui d’Exit en Suisse romande, qui n’est pas en principe ouvert aux étrangers. Ce reportage exceptionnel nous emmène en Allemagne, en Belgique, en France, pour tenter de mieux comprendre ce tourisme de la mort que certains reprochent à la Suisse. Temps présent a suivi les derniers jours de la Française Michèle Causse, 74 ans, déterminée à mourir comme elle l’avait choisi : le jour de son anniversaire, à Pfäffikon dans la banlieue de Zurich, là ou Dignitas assure les accompagnements au suicide. L'avocat zurichois Ludwig Minelli, fondateur de Dignitas, participe à la discussion.

Générique
Un reportage de Emmanuelle Bressan Blondeau et Jean-Bernard Menoud Image : Patrice Cologne Son : Beat Lambert Montage : Patrick Guignet

http://www.tsr.ch/emissions/temps-present/sante/2867405-dignitas-la-mort-sur-ordonnance.html

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-10

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