Née à Bruxelles le 17 octobre 1933, elle entre dans l’ordre des sœurs dominicaines en 1959 au couvent de Fichermont à Waterloo (Belgique *). Les supérieures de sa communauté négocient pour elle un contrat avec la firme Philips concernant l’enregistrement d’un disque sous le pseudonyme de Sœur Sourire, choisi, contre le gré de son auteur, par des auditeurs sélectionnés. En vertu des vœux de pauvreté, les droits d’auteur appartiennent à la communauté. Ni le vrai nom de la sœur ni sa photo n’apparaissent sur les pochettes.
La chanson «Dominique-nique-nique» deviendra rapidement un succès mondial notamment aux États-Unis* où «The Singing Nun» est le numéro 1 au bilboard américain en 1963 avant Elvis Presley. En 1966, un film américain The Singing Nun, avec Debbie Reynolds dans le rôle titre, lui est dédié. À cette même époque, étudiante en théologie à l’université de Louvain, elle abandonne la vie religieuse. Elle essaie de poursuivre sa carrière sous le nom de Luc Dominique, mais sans grand succès. Parmi ses chansons, on compte «La pilule d’or», où elle s’exprime en faveur de la contraception, et «Je ne suis pas une vedette», où elle annonce que «Sœur Sourire est morte, il était temps! J’ai voulu voler son âme, à travers les nuages, dans le soleil couchant.» Poursuivie en Belgique par le fisc pour des sommes fabuleuses qu’elle n’avait jamais perçues personnellement et sans l’appui de sa communauté, elle sombre dans la dépression* et se suicide le 29 mars 1985, accompagnée dans la mort par sa compagne de vie Annie Pécher (1944-1985), thérapeute d’enfants autistes. Les corps des deux amies reposent au cimetière de Wavre en Belgique. Sur leur pierre tombale, on peut lire: «J’ai voulu voler son âme à travers les nuages» (F. Delaporte, Sœur Sourire, brûlée aux feux de la rampe, Paris, Plon, 1998; L. Madelein et L. Van den Berg, Sœur Sourire: journal d’une tragédie, Bruxelles. Luc Pire, 2000; M. Destrait, Sœur Sourire, texte dramatique, mis en scène au centre socioculturel d’Ottignies, 2005).