Né en 1881 et décédé en 1901, Carlos Casagemas est un peintre espagnol qui rencontre Pablo Picasso à Barcelone au début de 1900 dans le café Els Quatre Gats, et avec qui il partagera un atelier dans la calle Riera de San Juan dans la même ville. Lors de leur premier séjour à Paris à la fin de la même année, Picasso semble se plaire dans l'ambiance de la butte Montmartre, tandis que Casagemas connaît une histoire de coeur avec Germaine, une danseuse du Moulin rouge. Les deux amis décidèrent de passer les fêtes de fin d'années à Malaga dans la région natale de Picasso. Carlos, cependant, ne réussit pas à sortir de sa dépression* et sombre dans l'alcool*. À la mi-janvier, alors que Pablo part pour Madrid, Carlos retourne à Paris où, après une tentative de meurtre sur son amante, il se loge une balle dans la tête au café de la Rotonde, le 17 février 1901.
Profondément marqué par cet événement dramatique auquel il n'avait pas assisté, Picasso revient à Paris, occupe l'atelier de son ami défunt et lui consacrera trois toiles dont le portrait posthume de son ami dans son cercueil «La Mort de Casagemas», Paris, été 1901 (Huile sur bois, Musée national Picasso). Dans ce tableau, on peut apercevoir l'impact de la balle sur la tempe. Picasso dira plus tard que cette toile en particulier a initié sa période bleue. À la fin de l'année, il associe, au souvenir de la mort de Carlos, celui tout aussi tragique de la mort du peintre Van Gogh* auquel il rend hommage par l'usage de couleurs pures et complémentaires et la touche épaisse et divisée.
L'Exaltation. L'Enterrement de Casagemas, 1901
Au dessus du thème du deuil* on voit Casagemas sur un cheval blanc s'élancer vers l'exaltation finale malgré l'effort de Germaine, nue et repentante, accrochée à lui pour le retenir. «A l'opposé de la représentation traditionnelle de l'élévation christique accompagnée d'anges, Carlos Casagemas est représenté en compagnie de deux femmes nues se lamentant, d'une mère et de deux enfants jouant. Trois prostituées symbolisées par des bas colorés offertes en vain, observent son adieu* à l'existence.»
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