Émile Brunet est né en 1893, dans une famille connue de fabricants de monuments funéraires (de Montréal) qui a exercé son influence non seulement sur l’histoire du cimetière Notre-Dame-des-Neiges, par l’importance du patrimoine qu’elle y a laissé, mais aussi sur celle du village de la Côte-des -Neiges (aujourd'hui intégré dans la ville de Montréal). En effet, l’entreprise de granit des Brunet dirigé par l’oncle d’Émile, Joseph, et dans laquelle son père, Rémi, travaillait, constituait une importante industrie dans le milieu : elle était située près de l’entrée du cimetière*.
C’est dans ce contexte que Brunet a évolué, modulant dans les matériaux à sa portée, dès son tout jeune âge, le sourire de sa grand-mère ou des petits animaux familiers de l’environnement. À 14 ans, il apprenait le modelage et le dessin à l’école des arts du Monument national, sous l’impulsion entre autres du sculpteur Laliberté et du professeur de dessin Dyonnet. Ses succès lui valent, par l’obtention d’une bourse de l’Art Association of Montreal, la fréquentation de l’école de l’Art Galery, l’ancêtre du Musée des beaux-arts de Montréal, où il reçoit notamment l’enseignement de Brymner. À 19 ans, il obtient sa première commande, le monument aux Patriotes de Saint-Denis-sur-Richelieu.
Avant d’aller, en 1920, se perfectionner au Chicago Art Institute, il devient, en 1917, l’assistant de l’artiste anglais Bonnor, décorateur du nouveau Parlement d’Ottawa, dont il continua l’oeuvre à la mort de ce dernier, tout en y mettant sa touche personnelle. Il avait 24 ans.
Il réside à Chicago quand il soumet une maquette pour un monument aux morts de la Grande guerre, commandé par la Ville de Longueuil. Classé premier au concours, il reçoit la nouvelle du peintre Suzor-Coté, président du jury. Brunet se rend en France pour réaliser l’oeuvre. Il s’inscrit alors à un atelier de l’ l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Nous sommes en 1923.
L’année suivante, il se présente au concours d’admission de la même école. Il y surpasse plus de 200 concurrents et est nommé Premier élève. En juillet de la même année, le gouvernement du Québec lui accorde une bourse d’études de trois ans. C’est de Paris, toujours en 1924, qu’il participe, avec 60 artistes dont dix détenteurs du Prix de Rome, au concours pour l’érection d’un monument à Laurier dans la capitale fédérale. Il rafle à la fois les premier et deuxième prix. L’une des deux maquettes servira à sculpter le monument deLaurier du square Dorchester, à Montréal, inauguré en 1953. La réputation de Brunet est de mieux en mieux établie.
De 1928 à 1933, il sculpte le tympan, les portes centrales et les bas-reliefs du Musée national des beaux-arts du Québec. Plusieurs de ces oeuvres seront d’ailleurs reprises au pavillon du Canada, dont il est également le concepteur, à l’Exposition universelle des arts et techniques de Paris, en 1937. Son travail est alors doublement primé : il reçoit le grand Prix pour les bas-reliefs et un diplôme d’honneur pour la conception du pavillon. On dit alors d’Émile Brunet qu’il est au sommet de sa carrière.
Le sculpteur, qui avait l’habitude de passer la moitié de l’année au Québec et l’autre en France, s’installe à Montréal, à la suite du déclenchement de la guerre. Il exerce son art dans l’atelier de son oncle de 1939 à 1948. Les commandes affluent. C’est à ce moment qu’il commence à signer la trentaine de monuments funéraires parmi les plus significatifs du cimetière Notre-Dame-des-Neiges de Montréal. Notons en particulier les monuments des familles Timmins, Lallemand, Légaré, DuTremblay, DeSerres, Bourbonnière, Cypihot, Beauchemin, Redmond, etc. On trouve également de ses œuvres dans d’autres cimetières québécois : Québec, Lévis, Saint-Hyacinthe, Arthabaska, Sorel, Frelighsburg.
Brunet crée également nombre d’oeuvres historiques ou religieuses qu’il serait trop long d’énumérer ici. Mentionnons, parce qu’il s’est échelonné sur plus de 25 ans, le travail réalisé à la basilique Sainte-Anne-de-Beaupré : 88 chapiteaux représentant des scènes de la vie de Jésus, le chemin de croix, trois tympans et une quinzaine de statues, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du lieu de culte. Rappelons aussi, à titre de référence, les monuments Laurier, à Ottawa, à Montréal et à Québec, le monument La Vérendrye, à Winnipeg, cinq statues au Parlement du Québec, dont celle de l'ancien premier ministre Maurice Duplessis, et de nombreux monuments commémoratifs. Soulignons enfin, au chapitre de la commémoration de l’artiste, l’émission de six timbres-poste représentant l’œuvre de Brunet, en 1958, en 1981 et en 1995.
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