Tadeusz Borowski (1922-1951), Né à Zytomierz en Ukraine de parents polonais. En 1926, son père, libraire, fut arrêté par les Soviets et envoyé dans un camp en Finlande, tandis que sa mère fut déportée en Sibérie. Élevé par une tante, Tadeusz retrouva son père à Varsovie en 1932 et sa mère en 1934. Après des études dans un internat de franciscains, il entra dès 1940 à l’université clandestine de Varsovie, ville qui depuis 1939 est sous l’occupation allemande. Il y obtint son diplôme en littérature polonaise. En 1943, Tadeusz et sa fiancée Maria Rundo furent arrêtés par la Gestapo et envoyés à Auschwitz. Séparé de Maria, il passera deux ans dans le camp de concentration à Dachau jusqu’à l’arrivée des alliés en 1945. Lorsque les atrocités des camps des soviets et les purges politiques dans la Pologne communiste lui furent révélées, il désespéra de l’humanité et se suicida.
Ironiquement, ayant survécu aux chambres à gaz des nazis, il s’enleva la vie par asphyxie au gaz. Défini par Czeslaw Milosz comme un «moraliste désespéré», il fut considéré comme un des plus grands écrivains de sa génération. Il consigna ses souvenirs des camps de la mort dans Le monde de pierre, recueil de vingt-quatre récits parmi lesquels «L’adieu à Maria» est un des plus bouleversants. Le poète y exprime sa peur de périr par la guerre après avoir survécu aux camps. Il met ses contemporains en garde contre ce siècle, «notre siècle, siècle maudit qui lance un appel aux siècles futurs». Sous la plume de Borowski, on sent vibrer la haine* contre une humanité qui a engendré tant de mal et contre lui-même, cette lancinante culpabilité* propre aux survivants de la Shoah*. Sa pensée se heurte avec véhémence à «cette folle passivité» dont chacun fait preuve et à cet «étrange envoûtement de l’homme par l’homme». Tout son recueil est celui d’un être torturé par la cruauté des hommes, démonstration flagrante de l’absurdité de l’existence.