Bruno Bettelheim né le 28 août 1903 à Vienne et décédé le 13 mars 1990 à Silver Spring, Maryland, psychothérapeute. Survivant de la Shoah*,à l’instar de Jean Améry* et de Primo Levi*, il s’est suicidé après de longues années de production littéraire. Interné à Dachau et à Buchenwald, il est relâché en 1939 et émigre aux États-Unis, où il publie en 1943 l’article qui l’a rendu célèbre, au sujet des camps de la mort, «Comportement individuel et comportement de masse dans des situations extrêmes». Il traite du même sujet dans Le poids d’une vie (Paris, Robert Laffont, 1991) et Le cœur conscient (Paris, lgf, «Livre de poche», 1972). À l’université de Chicago, de 1944 à 1973, il est directeur de l’école de réhabilitation d’enfants émotivement perturbés, dont plusieurs sont autistiques. Il publie plusieurs textes sur la psychologie et l’éducation des enfants. Il écrit également une critique de l’influence de la médecine sur la psychanalyse, Freud and Man’s Soul (1983). Il se suicida à quatre-vingt-six ans.
De nos jours, la personnalité et l’œuvre de Bettelheim sont soumises à des controverses. Sa théorie sur les liens entre l’indifférence de la mère et l’autisme est considérée comme dépassée. Après sa mort, on lui reproche les mauvais traitements qu’il aurait fait subir à des enfants. Richard Pollak, dont un jeune frère aurait été traité par Bettelheim et se serait suicidé, le présente non pas comme un saint ni comme un sage, mais comme un menteur et un être brutal (The Creation of Dr. B: A Biography of Bruno Bettelheim, 1996). Nina Sutton, tout en étant consciente de la «vie difficile» qu’a menée Bettelheim, écrit une biographie plus indulgente du célèbre auteur freudien (Bettelheim: A Life and A Legacy, 1996). Pour Odile Odoul, la mort de Bruno Bettelheim est un acte de liberté conforme à ses convictions: «Il s’est suicidé peut-être justement parce que, avec le grand âge et l’affaiblissement physique, cette faculté de penser librement lui était retirée. […] Il s’agit moins d’un acte de désespoir que du courage d’aller au bout de ses principes de vie» (« Bruno Bettelheim est mort », Agora, juin 1990, p. 89).