La Faculté de théologie et d'études religieuses de l'Université de Sherbrooke - Une faculté dotée d'une mission universitaire

Lucien Vachon

L'archevêque de Sherbrooke, Mgr Georges Cabana, s'impose d'emblée comme le fondateur de ce qui s'est d'abord appelé, de 1961 à 1996, la Faculté de théologie de Sherbrooke.

De 1958 à 1964, Mgr Cabana fait preuve, sur une base presque quotidienne, d'habileté, d'efficacité, de flair politique pour obtenir de Rome une faculté canonique de théologie. Mais Rome est terriblement exigeante avant d'ériger une faculté canonique de théologie. Estimant que Sherbrooke ne satisfait pas à ses conditions, elle impose à Mgr Cabana d'obtenir d'abord de l'Université de Sherbrooke une faculté civile. Ce qui se fait le 13 juin 1961. Cette étape s'avérait imprévue dans le plan de Mgr Cabana, lui qui pensait une Faculté de théologie en référence avec la formation des Grands Séminaristes.

Ce statut civil — étonnant à l'intérieur de la très catholique Université de Sherbrooke — marquera profondément l'histoire de la Faculté de théologie.

Mgr Cabana poursuit ses démarches pendant trois autres années. Démarches enfin couronnées de succès puisque le 30 novembre 1964, Rome accorde enfin l'érection canonique d'une faculté de théologie. L'autorisation est assortie de conditions très précises dont la principale est la concentration sur le campus des professeurs approuvés par Rome et des étudiants «naturels», c'est-à-dire les Grands Séminaristes.

Or une surprise attend le professeur Lucien Vachon qui avait été nommé doyen de cette faculté canonique : Mgr Cabana, ainsi que ses suffragants de Saint-Hyacinthe et de Nicolet, ne veulent concentrer sur le campus ni professeurs ni étudiants. Il fallait donc bâtir une faculté à partir de rien : ni corps professoral, ni étudiants, ni programmes.

La mission semblait impossible.

Ce n'est qu'à l'automne 1966, que la faculté fait son entrée sur le campus. Elle présente une première cohorte de vingt-sept étudiants, recrutée au prix d'efforts énormes et composée de laïcs, surtout des femmes religieuses.

La faculté navigue sur son statut civil jusqu'en 1969 alors qu'un certain nombre de Grands Séminaristes joignent la faculté. Leur arrivée sur le campus coïncide avec l'arrivée de Mgr Jean-Marie Fortier en tant qu'archevêque de Sherbrooke.

De 1964 à 1969, la faculté a utilisé les conditions étranges de ses premières années pour se donner un objectif qu'elle poursuivra tout au long de son histoire, c'est-à-dire se faire le partenaire fidèle, compétent d'un grand «projet universitaire», et se faire partie intégrante et constitutive de l'Université.

La faculté connaît une période de turbulence durant l'année scolaire 1970-1971 : la crise des «prêtres laïcisés». Elle perd quatre professeurs à qui l'Université refusait de renouveler leur contrat, étant donné que Mgr Fortier, archevêque de Sherbrooke et Chancelier de l'Université, refusait de leur accorder le «mandat canonique» exigé par les Statuts de la Faculté.

Autre secousse beaucoup plus importante en 1986; le Conseil d'administration de l'Université de Sherbrooke, à la recommandation du Comité exécutif, décide de fermer la Faculté de théologie. La résistance s'organise avec, à sa tête le syndicat des professeurs (SPUS). Tous les organismes de l'Université se concentrent dans ce qui s'est appelé à l'époque le Groupe de 27. En fin de course, la décision du Conseil d'administration est modifiée. La Faculté évite la peine capitale mais perd, à nouveau, quatre professeurs.

Malgré ces difficultés, la Faculté poursuit sont développement. Dans ses années glorieuses, elle peut se vanter de compter le plus grand nombre d'étudiants et d'étudiantes parmi les facultés de théologie du Québec. En 1991, le recteur Aldée Cabana rend hommage à la faculté dans les termes suivants :

«La faculté a su identifier ses créneaux, se développer un secteur d'excellence pour finalement connaître un essor sans précédent. Il faut l'en féliciter car les défis qu'elle a dû relever sont colossaux.»

En 1996, la faculté se donne un nouveau nom : Faculté de théologie, d'éthique et de philosophie. La faculté s'est enrichie de deux programmes de philosophie et peut ainsi continuer à développer l'éthique appliquée. Selon le recteur Reid, la Faculté de théologie avait été depuis plusieurs année «la principale porteuse de la préoccupation éthique et principal lieu d'enseignement et de recherche en éthique.»

Ainsi reconfigurée «elle devient, pour notre Université, le principal lieu de formation et de recherche en éthique.»

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