L'Encyclopédie sur la mort


Wittgenstein Ludwig

Wittgenstein LudwigNé à Vienne, Autriche, le 26 avril 1889, est décédé à Cambridge, Royaume Unie, le 29 avril 1951, Ludwig Wittgenstein, philosophe et logicien dont l'influence est considérable et la pensée originale a laissé comme oeuvres principales: Tractatus logico-philosophicus (1921) et Investigations philosophiques écrites entre1936 et1949, publiées en 1953. Ce second ouvrage constitue une critique de sa pensée développée dans le premier. On se souvient de sa phrase célèbre que l'on trouve souvent citée dans les discours sur la mort : Der Tod ist kein Ereignis des Lebens. Den Tod erlebt man nicht. Voici les propos que Jorge Semprun tient au sujet de cette proposition dans L'écriture ou la vie (Paris, Gallimard, 1994, p. 181-182) :

« Mais enfin, à dix-huit ans, je tenais une sorte de journal, plutôt philosophique et littéraire, d'ailleurs, que réellement intime; j'ai toujours été prudent avec mon intimité. Dans le gros cahier de moleskine noire j'avais commenté la sentence du Tractatus de Wittgenstein et les pages de Martin Heidegger sur l'être~pour-la-mort, de Sein und Zeit, «La mort n'est pas un événement de la vie. La mort ne peut être vécue»: telle est la traduction habituelle, due à Plerre Klossowski, de la proposition de Wittgenstein. J'en avais donné une légèrement différente, pour la dernière partie de la sentence (la première ne pose aucun problème: tout le monde la traduit de la même façon) dans ma longue élucubration juvénile. «On ne peut vivre la mort», avais-je écrit. Plus tard, des années plus tard, dans un bref roman qui s'appelle L'évanouissement et qu'il m'arrive de citer dans ce récit parce qu'il concerne précisément l'époque dont il est ici question, l'époque du retour, du rapatriement dans l'exil - j'ai traduit cette deuxième partie de la proposition de Wittgenstein de manière encore différente :«La mort n'est pas une expérience véçue.» Mais cette diversité tient à la difficulté de traduire en français le verbe erleben et son substantif Erlebnis, difficulté qui ne se serait pas posée si j'avais eu à traduire ces mots en espagnol. Sans doute, avais-je écrit dans le cahier de moleskine noire, trois ans auparavant, sans doute la mort ne peut-elle être une expérience vécue - vivencia, en espagnol -, on le sait au moins depuis Épicure*. Ni non plus une expérience de la conscience pure, du cogito. Elle sera toujours expérience médiatisée, conceptuelle; expérience d'un fait social, pratique. Mais c'est là une évidence d'une extrême pauvreté spirituelle. En fait, pour être rigoureux, l'énoncé de Wittgenstein devrait s'écrire ainsi : «Mein Tod ist kein Ereignis meines Lebens. Meinen Tod erlebe ich nicht.» C'est-à-dire : ma mort n'est pas un événement de ma vie. Je ne vivrai pas ma mort ».

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-10

Notes

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