L'Encyclopédie sur la mort


Treiber Jean-Pierre

Jean Pierre TreiberJean-Pierre Treiber, né en 1963 à Soppe-le-Bas, dans le Haut-Rhin, unique accusé de l’assassinat de Géraldine Giraud et Katia Lherbier en 2004, s’est pendu avec un drap samedi le 20 février 2010 dans sa cellule de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne, France). Son suicide met fin à l’action judiciaire. L'ancien garde-chasse devait être jugé à partir du 20 avril par la cour d’assises de l’Yonne. Treiber se trouvait en quartier d’isolement et faisait l’objet d’une surveillance renforcée depuis sa cavale de l’automne 2009. En effet, le 8 septembre de la même année, Jean-Pierre Treiber, prisonnier modèle de la maison d’arrêt d’Auxerre (Yonne), responsable de l’atelier cartonnage, s’échappa de la prison. Enfermé dans un carton embarqué à bord d’un camion, il fut déchargé dans un entrepôt de Bonnard, à 20 kilomètres de là.

Selon deux syndicats de surveillants, il ne disposait cependant pas du kit anti-suicide mis en place à l’été 2009 par le garde des Sceaux pour tenter d’enrayer la hausse des suicides en prison. Dans le quartier d'isolement, où il était placé avec une dizaine de détenus, le médecin lui a proposé un soutien psychologique, mais Treibel n'en pas manifesté le désir. Le médecin le décrit tout de même comme «quelqu'un de tranquille». Il ne fut pas considéré comme une personne suicidaire, même si, dans son écriture, il a mentionne le suicide comme alternative à la prison et à ses tourments, lui qui s'est toujours déclaré innocent.

Treiber se montre un écrivain prolifique. «J'en ai marre d'être pris pour un criminel, marre de ne plus voir les gens que j'aime...», a-t-il griffonné sur une note qu'il a enfouie sous la couverture de son lit avant de poser son geste fatal. Dans sa première lettre, adressée pendant sa cavale au journal «Marianne», il avoue avoir jonglé avec l'idée du suicide en détention: «Je ne me suis pas évadé, j’ai repris une petite partie que les assassins, les vrais, m’ont volée, car je ne supportais plus la détention étant au bord du suicide, ce qui aurait arrangé les affaires des coupables et des personnes qui ont instruit cette affaire à charge contre moi.»

Les enquêteurs de la brigade nationale de recherche des fugitifs ont saisi 152 lettres chez Blandine Stassart, une femme venue le visiter en prison et avec laquelle il noua une relation amoureuse. Dans ses missives, publiées par Paris Match, «l’homme des bois» raconte sa cavale :«Ça fait quelques jours que j’ai changé de «prison». Celle-ci est beaucoup plus vaste», écrit-il. Il se fond dans la nature avec les «écureuils, biches et cerfs», sous des abris de fortune, et des «déluges de pluie» pour échapper aux recherches. «Je croyais en avoir fini avec les hélicos, mais il y en a un qui est tenace, et je vais peut-être déménager.» Il a dû sortir de la forêt pour poster les lettres et a «vu des journaux en vitrine». Il précise : «Je ne me suis pas attardé.» Dans ses nombreuses lettres écrites à sa maîtresse, il semble vouloir se donner l'image d'un «homme des bois» correspondant ainsi aux conditions de son ancien métier, mais aussi révélatrice de son désir de se faire reconnaître comme un être de la nature, bon et innocent.

Au sujet de sa cavale, consulter: Patricia Tourancheau, «Dix semaines de cavale médiatique»
http://www.liberation.fr/societe/0101604275-dix-semaines-de-cavale-mediatique

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-12