L'Encyclopédie sur la mort


Spleen

Jouée dans le cadre de la BIAM 2009, Spleen est une création mêlant marionnettes et musique, directement inspirée du recueil de poèmes « Le Spleen de Paris » de Charles Baudelaire*. Charlotte Wilde alternant violon, basse et guitare électrique accompagne ces incarnations poétiques évoluant sur l’onde d’une prose soufflée par des voix d’enfants. Michael Vogel fait vivre ces êtres fantomatiques, anges ou démons, captant ainsi l’essence inspiratrice du poète.

Sur le plateau un carré de linceul couvre le sol et « une lumière toujours croissante fait de plus en plus étinceler les objets » et les marionnettes phosphorescentes de l’artiste. Nés d’une « orgie silencieuse », ou montés par « l’escalier mystérieux par où l’Enfer donne assaut », ces êtres funèbres racontent le « Spleen » à leur façon. Masques mortuaires mais néanmoins extatiques, corps démembrés ou dépouille, grenouilles sulfureuses, gargouilles, faucheuses, Lucifer et grouillons, amants endormis par le souffle de la camarde… Ces romantiques ou sataniques personnages flottent dans un au-delà du monde.

Et si la mort flirte avec la vie, c’est dans ce qu’elle dégage de plus érotique et de plus cruel, telle la danseuse obscène et carnassière campée par une grenouille aux formes généreuses. Et puis la lune, « nourrice empoisonneuse » ôtant la vie au poète qu’incarne Michael Vogel et ses prolongements, formes inertes, animées à vue avec tant de finesse. Les images créées dialoguent avec le son, la musique et les mots et mettent en relief le morbide et le sublime. Michael Vogel danse dans un bain de ténèbres, seul avec les ombres claires de la mort, personnifiées par ses créations d’une rare et mystérieuse beauté.

Danse macabre
L’esthétique qui se dégage de ce spectacle se construit peu à peu sous nos yeux ébahis. Une alchimie quasi magique opère entre les différents éléments du spectacle, laissant en bouche le goût de la prose, en tête des images ondulantes. La beauté plastique des personnages et l’atmosphère de ce pays-là font oublier sans peine l’étirement du temps de certains instants où le sens s’absente, notamment lorsque les marionnettes s’effacent pour laisser place à la danse macabre d’un danseur masqué.

Source: M. Fabre «Mélancolie marionnettique» dans Théâtre le 22 mai 2009
http://www.theatrorama.com/2009/05/spleen/

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-10