L'Encyclopédie sur la mort


Sirènes

Les Sirènes sont généralement considérées comme les filles du fleuve Achéloos et d'une des neuf soeurs muses engendrées par Zeus s'unissant à Mnémosyne, déesse de la mémoire parmi lesquelles les mythes citent Melpoméne, Terpsichore, Calliope et Stéropé. Les Sirènes sont nées comme des filles, mais sont transformées en êtres hybrides (figure féminine avec des ailes, une queue de poisson ou des pieds de poule) par la colère d'Aphrodite (Vénus), parce qu'elles se refusaient aux hommes. Ainsi, les compagnes de Prospérine* (Perséphone) ravies dans le jardin des fleurs sont parfois comptées parmi les Sirènes. Cependant, les Sirènes figurent dans les mythes le plus souvent au nombre de trois.

Le sort des Sirènes les voue au «jour fatal», la mort et le suicide. Si l'on se fie aux mythes d'Orphée et d'Ulysse, les Sirènes étaient destinées à vivre aussi longtemps qu'elles parviendraient, par leurs chants, à empêcher les mortels à poursuivre leur route. Ainsi, Ulysse se fait attacher au mât de son navire afin de ne pas être séduit par le chant des Sirènes. Il réussit à ne pas succomber au chant des Sirènes qui, suite à leur échec, sautent dans les eaux pour se noyer. Or, en les ignorant, Ulysse a provoqué leur mort qui pourra se présenter alors comme une mort volontaire (suicide) des Sirènes, comme un homicide involontaire ou volontaire, accompli par Ulysse. Fait à noter: dans l'Odyssée de Homère* et dans les Argonautiques d'Apollonios, les Sirènes ne meurent pas. Dans le mythe des Argonautes orphiques, après le passage d'Orphée, les Sirènes sont transformées en rochers.

Dans Alexandra, poème de Lycrophone, la prophétie de Cassandre prédit la mort des Sirènes comme oeuvre d'Ulysse:

«Il tuera les filles de l'enfant de Téthys, toutes trois
qui de leurs chants imitaient leur mélodieuse mère;
suicidaires, du haut de leur guette, leurs sauts
dans le flot thyrrhénien plongeront leurs ailes
où l'amer tissage du lin les entraînera.
v. 712-716 (traduction Hurst-Kolde, CUF)

Multiples sont les Sirènes représentées sur les tombes et les monuments. Mais «la relation qui existe entre les Sirènes et les tombes ne doit pas nécessairement conduire à les identifier avec les âmes des défunts, comme cela s'est fait à l'époque moderne dans une lecture symbolique de leur mythe», écrit Luigi Spina dans son analyse des multiples incarnations du mythe des Sirènes (Le mythe des Sirènes, traduit par Jean Bouffartigue, Paris, Belin, p. 133).

Le même auteur, dont l'ouvrage cité ci-dessus nous a guidé dans la rédaction de cet article, conclut son paragraphe intitulé «De Sirènes sur les tombes, et pas seulement des tombes de Sirènes» par le dévoilement de son intuition «du rapport spécifique entre les Sirènes et l'expérience humaine de la mort dont les aspects ne sont pas minimisés, mais au contraire exaltés»:

la mort, écrit-il, les Sirènes «peuvent la provoquer, elles en sont les témoins, elles la chantent, mais elles ne sont pas pour autant les créatures de l'Hadès* ou des démons de l'outre-tombe. Elles sont la voix qui reste seule à ordonner les sphères du cosmos, la voix qui rappelle la vie - l'attirance irrésistible exercée par l'objet du désir - dans le royaume de la mort, la voix de ce moment où quelque chose qui était peut cesser d'être, ou être sous une autre forme: la voix de la métamorphose, en somme.» (o.c., p. 134)

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Les Sirènes de l'Odyssée entourant le navire d'Ulysse attaché
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Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-16