L'Encyclopédie sur la mort


Shé'ôl

SheolL'objectif du présent article est précisément de dégager un portrait sommaire du séjour des morts tel qu'il fut imaginé par les Juifs du premier millénaire avant notre ère. Bien entendu, il sera impossible de dégager un portrait homogène des différents textes du Tanak (ou Bible hébraïque), qui sera ma principale source d'information, car le judaïsme ancien, comme le judaïsme moderne, n'a jamais cru bon de systématiser ses croyances. [...] 1

LE SHÉ'ÔL
Le Shé'ôl est le terme le plus communément utilisé pour désigner le séjour des morts. Le mot revient 66 fois dans le Tanak. Aucune étymologie certaine n'a pu encore s'imposer. Toutefois, ce qui importe, ce n'est pas le sens originel d'un mot mais son emploi. Or, à ce sujet, on peut constater que plusieurs textes personnifient ce terme comme un monstre mythique féminin qui réunit en lui toute la puissance de la mort, elle a une gorge qu'elle ouvre largement (Is 5,14; Hab 2,5) afin d'avaler les vivants (Pr 1, 12) qui se retrouveront alors dans son ventre (Jon 2,3). Elle est insatiable (Pr 27,20; 30, 16). Elle a une bouche (Ps 141,7), mais elle ne prononce aucune louange (Is 38, 18). Elle a des mains (Ps 89, 49; Os 13, 14) qui lui permettent de ligoter des humains (Ps 18,6), avec qui, par ailleurs, elle peut conclure un pacte (is 28, 15, 18). Parmi ses collaborateurs, on peut compter la Mort (Os, 13,14;Is 28,15,18; 38,18; Hab 2,5;Ct 8,6) et l'Abadôn, la Perdition (Pr 15, 11; 27,20; Jb 16,6). Cette personnification littéraire du Shé'ôl - qui manifeste probablement un arrière-fond polythéiste - confère à la vie un caractère dramatique peu commun, qu'un discours rationnel et systématique aurait du mal à rendre avec une pareille intensité.

Du point de vue géographique, le shé'ôl n'est pas un au-delà mais plutôt un en-deçà, car il est à l'extrême opposé du ciel. (2) C'est pourquoi, on y descend. (3) Le verbe descendre accompagne aussi plusieurs autres mots synonymes de shé'ôl. C'est par exemple le cas de la fosse (4), de la citerne (5), de la terre (Jon 2,7) et de la poussière (Ps 22,30; 30,10). On descend aussi vers la mort (Pr 5,5) et ses chambres (Ps 7,27), au pays des profondeurs (Ez 31, 18) et au Silence (Ps 115, 17). Descendre est à ce point lié au thème de la mort qu'il est employé de façon absolue dans le sens de «mourir» (Ps 49, 18) ou de «faire mourir», «tuer» (PS 56,8).

LE SÉJOUR DES MORTS: UNE VASTE TOMBE OU UNE NÉCROPOLE
Le shé'ôl était aussi représenté comme une sorte de cimetière ou une immense tombe (Ex 32,18-32). En effet, on croyait probablement que le mort était à la fois dans sa tombe et au shé'ôl. C'est ce qu'on peut déduire des mots de Jacob qui affirme tout aussi bien: «tu m'enterreras dans leur tombeau» (Gn 47,30) que «je descendrai vers mon fils au shé'ôl» (Gn 37,35).

La fosse (shahat), qui pouvait servir de tombeau (6), est parfois directement mise en relation avec le séjour des morts, laissant ainsi entendre qu'il n'y a aucune distinction claire entre le deux réalités (voir par exemple Ps 16,10 et Jon 2,4)

La même ambivalence entre la tombe et le shé'ôl se retrouve avec l'emploi du mot bôr. Ce mot, qui désigne une citerne ou un puits (Dt 6,11; Gn 37,20; 1 Sam 13,6. etc.), a aussi le sens de tombe; c'est par exemple accompagné du verbe «descendre». Or, en maints passages, les mots bôr et shé'ôl sont employés comme des synonymes. (7) Puisqu'en creusant un puits ou une citerne on se rapprochait de l'abîme (tehôm), cette grande mer souterraine (Gn 7,11; 8,2), ou même l'atteignait, il était logique de croire que ceux qui descendaient dans le puits/shé'ôl descendaient du même coup dans un milieu aqueux où les eaux sont très dangereuses (8), selon Jb 26,5, ils descendaient même en dessous des eaux.

Le séjour des morts était aussi appelé 'abadôn (9), terme très souvent translittéré plutôt que traduit. Le mot est dérivé de verbe 'abad, «périr», «se perdre» et signifie «perdition», «destruction» (Jb 31, 12). Ce lien entre la destruction et le séjour des morts provient du fait que ce terme était originellement appliqué au tombeau, lieu par excellence pour constater que l'être humain est périssable. En effet, au Ps 88, 12, le mot 'abadôn est synonyme de tombe (qêvêr). En outre, certains traits dans la description du shé'ôl sont clairement inspirés de la tombe: le mort est couché au shé'ôl (Ps 139,8b; Ez 31,18; 32,28; Jb 17,13), dans sa tombe (Ps 88,6) ou sur la poussière (Jb 7,21; 20,11; 21,2) avec pour couverture des vers (Is 14,11). «Se coucher» ou «se coucher avec ses pères» font partie des nombreuses expressions pour dire «mourir»(10). Pas étonnant alors qu'on retrouve également l'image de la mort-sommeil (Ps, 13,4; Jb 3,13; 14,12; Jr 51,39) (11)

Le lien étroit entre le séjour des morts et la tombe se vérifie également dans l'emploi du mot 'êrêc, «terre» ou «pays», pour désigner les séjour des morts. (12) Cette connotation attaché à 'êrêc provient sans doute de l'expérience commune des enterrements. C'est d'ailleurs pourquoi l'on retrouve ce même sens à l'akkadien erçetu et surtout à l'ougaritique 'rc, qui ignore le mot shé'ôl.

L'examen des emplois du mot «poussière» (âphar) impose la même constatation: le séjour des morts se confond avec le lieu où les humains sont enterrés. En effet la poussière qui est notre origine et notre fin (Gn 3,19; Qo 3,20; Jb 10,9; Ps 103,14), est traditionnellement associée à la fois à la tombe (Ps 30,10; Jb 20,11; 21,26) et au shé'ôl (Jb 17,16; Dt 32,22-24 et 1 Sam 2,6,8) (13). Encore une fois, il n'y a donc aucune distinction spatiale claire entre le séjour des morts et le tombeau.

Comme le shé'ôl se confond avec le tombeau, il n'est pas étonnant qu'on l'identifie aussi sous les noms de «ténèbres»(14), de «terre de ténèbres» (Jb 10, 21) ou «terre d'épaisse obscurité» (Jr 2, 31). Bien entendu, ces ténèbres qui représentent la mort s'opposent à la lumière qui symbolise la vie (Jb 12,22; 18,18; 33,30; Lm 3,2),

LE SÉJOUR DES MORTS: UNE MAISON, UNE PRISON
L'utilisation du mot «maison» (bayit) dans le sens de tombe ou de shé'ôl est aussi bien connu dans le Tanak. [...] L'expression «maison d'éternité» désigne aussi bien la tombe que le shé'ôl (Qo 12,5; Jub 36,1; B Sanh 19a; Tg Is 14,18 et 42,11) (15). La mort est aussi la «maison du rendez-vous de tous les vivants» (Jb 30,23, texte qui fait écho à 1 Rois 2,2), et cela indépendamment des attitudes morales et religieuses; philosophes et insensés, justes et méchants, bons et mauvais, etc., tous finissent au même séjour des morts (Qo 2,14; 9,2; Si 41,4). Plus encore, comme l'affirme Qohélet, les humains sont comme les animaux; ils ne connaissent aucune rétribution, ni ici-bas ni dans l'au-delà (Qo 3, 16-22 et 9, 11-12).

[...]

Le shé'ôl a aussi une porte (17), un portier (Test de Job 43, 6-7) et des verrous (Jon 2,7 et Apo 1,18), exactement comme la ville fortifiée décrite en Dt 3-5; Pr 18,19 et Ps 147,13. À moins qu'il ne s'agisse d'une prison, ce qui n'est pas impossible puisque le Ps 107,10 décrit les morts comme des prisonniers de la misère et des fers, tandis que le verset 16 fait référence au séjour des morts comme un lieu où il y a des portes de bronze et des verrous de fer. C'est d'ailleurs pourquoi le séjour des morts est décrit comme un lieu d'où on ne peut pas revenir (2 Sam 12,23; Jb 10,21; 16,22; Ps 37,36, etc.) ni remonter (Jb 7,9) (18)

Dans ce séjour des morts décrit comme une maison ou une prison, il y a des «chambres de la mort» (Pr 7,27), des chambres du shé'ôl (1 QH 10,34). Ez 32,25 mentionne même explicitement un lit, pour sa part, l'espoir de Job, c'est d'étendre sa couche dans les ténèbres, d'habiter le shé'ôl (Jb 17,13).

Bien entendu, il est impossible d'harmoniser ces différentes localisations du séjour des morts (tombe, shé'ôl, lieu poussiéreux, océan cosmique, maison, prison, chambre.etc.)

LE SHÉ'ÔL: LIEU DES NÉGATIONS
Les conditions des morts au shé'ôl ne sont guère enviables. Triste consolation pour les pauvres, le mort ne peut rien apporter avec lui (Ps 49,17-18). Contrairement aux vivants à qui un salaire est possible (Qo 4,9). Qohélet affirme que les morts n'ont aucun salaire (Qo 9,5). De son côté, Ben Sira rappelle qu'il n'y a aucun plaisir, aucun bien-être ou aucune vie sensuelle à chercher au séjour des morts (Si 14,16). En bref, il n'y a aucune participation à la vie d'ici-bas dans le séjour des morts (Qo 9,6). Toujours en 9,6, Qohélet précise que même les sentiments humains (amour, haine et jalousie) périssent ('âbad). Ce verbe 'âbad évoque bien l'Abadôn, cet autre nom du séjour des morts qui rappelle, on l'a vu ci haut, que les morts sont complètement détruits et anéantis. L'association mort-nudité (Qo 5,14; Jb 1,21; Si 40,1; Ps 139,13,15) indique que le mort a même perdu son identité (19). Cet anéantissement radical de l'identité du mort est également souligné en Qo 6,4c qui affirme que le nom (soit l'identité) du mort sera recouvert dans les ténèbres (20). Cette perte totale d'identité est confirmée par plusieurs textes qui précisent que le mort n'a plus aucune connaissance (Qo 9,5,10; Jb 14,21; 21,21; Ps 88,13) ni aucune sagesse (Qo 9,10). La seule supériorité des vivants sur les morts réside donc dans le fait qu'ils savent, eux, qu'ils mourront (Qo 9, 4-5).

Sans entrer dans les détails complexes de l'anthropologie juive (21), ni dans l'exégèse des noms utilisés pour identifier les morts (22), on peut dire que plusieurs textes placent l'activité religieuse, et non l'activité biologique, au centre de leur définition de la mort: la mort, c'est l'absence de la relation avec Dieu. En effet, au séjour des morts, il n'y a ni louange (Ps 6,6; 30,10;115,17; Is 38,18; Si 17,27-28) ni hommage (Si 17,27) ni action de grâce (Si 17,28) ni célébration (Ps 88,11; Is. 38,12) ni espérance en sa fidélité (Is 38,18) ni aucune proclamation de sa vérité (Ps 30,10;88,12) et de sa fidélité (Ps 88,12) ou prononciation de son nom (Ps (6,6). La mort, c'est le pays du Silence (94,17 et 115,17). Au séjour des morts, il n'y a plus de souvenir de la part de Dieu (Ps 88,5), car le shé'ôl est le pays de l'Oubli (Ps 88,13). Seuls les vivants peuvent louer Dieu (Is 38,19 et Ps 115,18). En bref, la mort est isolement absolu.

D'UN AU-DELÀ AUX NUANCES DE FÉLICITÉ INSPIRÉE PAR DIEU
Le peuple du Tanak a donc vécu presque toute son histoire sans croire en l'idée d'une vie meilleure et bienheureuse après la mort. Ce ne sera qu'au deuxième siècle avant notre ère que l'on verra poindre avec certitude et clarté l'idée de résurrection et d'un au-delà bienheureux (2 Macc 7 et Dn 12). Cette idée est non seulement tardive, mais elle n'est partagée que par certains milieux. Deux siècles plus tard, à l'époque de Jésus, la croyance est loin d'être communément admise. La protestation violente des Sadducéens, qui constituaient rien de moins que le clergé au pouvoir jusqu'en 70 de notre ère, contre la notion nouvelle de résurrection est bien connue (23). Tous ces textes montrent que des êtres religieux s'il en fut (rien de moins que tout le peule du Tanak) ont pu croire en Dieu sans croire en une vie bienheureuse après la mort. C'est donc dire que le Dieu des Juifs n'a pas été conçu et inventé en fonction du désir humain d'immortalité bienheureuse. On croyait en Dieu, non pas pour fonder l'assurance d'une survie agréable, mais pour lui-même. Dit autrement, on ne croyait pas d'abord en un au-delà bienheureux pour ensuite croire en un Dieu pourvoyeur. Ainsi, lorsque l'idée d'un au-delà bienheureux est apparue, ce n'est pas le désir qui a créé l'idée de Dieu, puisque celle-ci était déjà élaborée. Au contraire, c'est l'idée de Dieu qui a commandé et inspiré le contenu de l'au-delà. Cette conception non utilitaire de Dieu est importante, car ne donne-t-elle pas un autre visage que celui que les croyants lui donnent trop souvent à partir de leurs désirs narcissiques (voir par exemple le refoulement infantile de la mort ou le désir d'immortalité bien analysé par les psychanalystes), leurs peurs et leurs frustrations (voir par exemple l'au-delà de compensation bien dénoncé par les marxistes)? Quoiqu'il en soit, la mort ne restera-t-elle pas toujours impensable qui donne à penser et qui met l'être humain en préoccupation de lui-même? Enfin, quelles que soient nos convictions religieuses sur l'au-delà, la mort ne reste-t-elle pas foncièrement finitude?

NOTES

1. Pour un exposé plus complet, on pourra consulter Matthias KRIEG, Todesbilder im Alten Testament. Oder: «Wie die Alten den Tod gebildet», Zurich, Theologischer Verlag, 1988, 660 p.; Otto KAISER et Eduard LOHSE, Death and Life, Nashville, Abingdon, 1981; Lloyd R. BAILEY, Biblical Perspectives on Death, Philadelphia, Fortress Press, 1979, 159 p.; Nicholas J.TROMP, Primitive Conceptions of Death and the Nether World in the Old Testament, Rome, Pontifical Biblical Institute, 1969, 241 p. (mais avec un regard critique sur ses perpétuelles «solutions ougaritiques»).
2 Voir Ps 139,8; Am 9,2 et Is 7,11; voir aussi ls 44,23 et Pr 25,3, mais avec le mot «terre», 'êrêç.
3 Voir Gn 37,35; 42,38; Nb 16,30.31, 1 Sam 2,6-7; 1 R 2,6.9; Jb 7,9; 17,16; Is 14,15; Ps 55,16.
4 Voir le mot shahat en Is 14,19; Ez 28,8; Jb 33,24; Ps 30,10; 55,24; 115,17.
5 Voir le mot bôr en Is 38,18; Ez 26,20; 31,14,16; 32,18; Ps 28,1; 30,4; 55,24; 88,5, I43,7.
6 Voir Jb I7,14; 33,18.22.24.30; Ps 30,10; 49,10; Is 38,17; Ez 28,8.
7 Voir Ps 30,4; 88,5.7; Is 14,15.19; Ez 31,14_16; Lm 3,55; Pr 1,12.
8 Ainsi, les morts sont comme des noyés (voir Jon 2,4-7; Jb 38,16-17; Ps 18,5.17; 42,8; 69,2-3.15-16; 88,7-8; 144,7; Ct 8,6-7).
9 Voir Pr 15,11; 27,20 et Jb 26,6 où le mot esl synonyme de shé'ôl et Jb 28,22 où il est synonyme du mot «mort»
10. Voir à ce sujet Bern ALFRINK, «L'expression shâkav'im'avôtâyw, Oud-Testamentische Studiën 2 (1943), p. 106-118.
11. Sur l'assimilation de la mort à un sommeil dans le judaïsme ancien, voir Jean-Jacques LAVOLE, «Le cimetière dans la tradition juive", Frontières, vol. 7 n° 3 (1995): p. 28-29.
12. Les textes où le mot 'éréç, «terre», «pays», a le sens de séjour des morts sont les suivants: Ex 15,12; Nb 16,33 (où le mot est en parallèle à shé'ôl); 1 Sam 28,13; Jon 2,7; Is 26,19; 29,4; Jr 15,7; 17,13; Jb 10,21¬22; Qo 3,21; Ps 7,6; 22,30; 41,3; 44,26; 61,3; 63,10; 71,20; 106,17; 143,3; 147,6. Les textes controversés et discutables sont les suivants: Gn 2,6; Is 14,12; 21,9; Pr 11,31; 25,3; Jb 12,8; 15,29; 38,18 et Si 51,9. Voir encore Nb 16,30 où le mot shé'ôl est en parallèle avec le mot 'adâmâh, «terre».
13. En ce qui concerne la symbolique de la poussière dans le Tanak, voir Delbert R. HILLERS, «Dust: Some Aspects of Old Testament Imagery» dans John MARKS & Robert M. GOOD, dir., Love & Death in the Ancient Near East. Essays in Honor of Marvin H. Pope, Guilford, Four Quarters Publishing Company, 1987, p. 105-109.
14. Voir Qo 6,4; Jb 15,22; 17,13; Ps 88,7.13; 107,10; 139,11; 143,3; etc.
15. Pour un exposé plus détaillé sur cette expression commune aux textes du Proche-Orient ancien, voir Jean-Jacques LAVOIE, «Étude de l'expression béyt 'ôlâmô dans Qo 12,5 à la lumière des textes du Proche-Orient ancien» dans J.-C. PETIT et al. , dir. «Où demeures-tu? La maison depuis le monde biblique. En hommage au professeur Guy Couturier à l'occasion de ses soixante-cinq ans, Montréal, Fides, 1994, p. 213-226.
16. Pour une explication plus détaillée de Qo 3,16-22 et 9,11-12, voir Jean-Jacques LAVOIE, La pensée du Qohélet. Étude exégétique et intertextuelle, Montréal, Fides, 1992, p. 53-89 et «Temps et finitude humaine. Étude du Qohélet IX, 11-12», Vetus Testamentum 46 (1996), p. 439-447.
17. Voir Is 38,10; Jb 38,17; Ps 9,14; 107,18; Si 51,9 [hébreu]; Sg 16,13; Ps SaI 16,2; Mt 16,18.
18. La seule expression favorite des Mésopotamiens erçet (ou ashar) là târi, de pays (ou le lieu) sans retour, montre bien le caractère commun d'une telle imagerie. Voir à ce sujet Jean BOTTÉRO, «Le pays sans retour», dans Apocalypses et voyages dans l'au-delà, Paris, Cerf, 1987, p. 55-82.
19. Voir à ce sujel Jean-Jacques LAVOIE, La pensée du Qohélet, p. 107-108.
20. Dans le Tanak, ce verbe décrit en effet l'anéantissement d'un individu ou d'un peuple. Voir à ce sujet Jean-Jacques LAVOIE, La pensée du Qohélet, p. 115, note 18.
21. Laquelle est une anthropologie moniste et non dualiste. À ce sujet, la trilogie de Daniel LYS reste, dans ses grandes lignes, tout à fait valable: Néphèsh. Histoire de l'âme dans la révélation d'Israël au sein des religions proche-orientales, Paris, PUP, 1959, 214 p.; Rûach. Le souffle dans l'Ancien Testament. Enquête anthropologique à travers l'histoire théologique d'Israel, Paris, PUF, 1962, 384 p.; La chair dans l'Ancien Testament. «Bâsar» Paris, PUF, 1967, 175 p.
22 Parmi ceux-ci, on retrouve les «morts» (mêtîm: Is 26,14; Ps 106,28), le «cadavre» (pêgêr: Is 14,19), les «passants» ('oberîm/'abârim: Ez 39,11.14.15), mais aussi quelques termes plutôt problématiques comme le «dieu» ('elôhîm: 1 Sam 28,13 et Is 8,19), les «spectres» ou «revenants» ('ittîm: ls 19,3), le «défunt» (nêfêsh, Lv 19,28; Nb 5,2 et Ag 2,13, terme traduit en grec par psuchè puisqu'il désigne la vie, la personne humaine!), le «fantôme» ou «revenant» (ôbôt: Is 29,4}, les repha îm, terme souvent translittéré ou traduit par «ombres», «géants», «faibles», «réunis», etc, (rephâ'îm: Pr 2,18; 9,18; 21,16; Jb 26,5, Is 14,9; 26,14.19; Ps 88,11). Sur ces différents noms qui en soi pourraient facilement faire l'objet d'un article, on consultera avec profit Brian B. SCHMIDT, Israel's Beneficent Dead: Ancestor Cult and Necromancy in Anctent Israelite Religion and Tradition, Tübingen, Mohr, 1994, 440 p., dont 66 pages de bibliographie! La thèse de l'auteur est que le culte des ancêtres ou des morts et la nécromantie, tous deux d'origine mésopotamienne, n'ont connu qu'un très bref succès en Israël; c'est pourquoi, ils n'auraient pas été considérés comme des problèmes majeurs, ni par la tradition deutéronomiste ni par la tradition sacerdotale. Il est à noter que cette thèse s'oppose nettement à celle défendue à peu près au même moment par Elizabeth BLOCH¬SMITH, Judahite Burial Practices and Beliefs about the Dead, Sheffield, JSOT Press, 1992, 314 p., qui affirme, au contraire, que le culte des morts a été bien ancré en Israël, en particulier pendant toute la période préexilique, même si ce culte a fait l'objet de certaines critiques avec les réformes d'Ézéchias et de Josias. Le débat reste donc ouvert..
23 Voir Mc 12,18; Ac 23,8, Flavius JOSÈPHE, Guerres juives II, 165 et Antiquités juives XVIII.









Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-12

Notes

Source: Jean-Jacques Lavoie, «Le séjour des morts dans l'antiquité juive», Frontières, vol. 11, n° 3, printemps, 1999, p. 31-34.

Avec l'autorisation de la revue Frontières et de Jean-Jacques Lavoie, auteur.