L'Encyclopédie sur la mort


Rites funéraires au Burkina Faso

«Burkina» signifie «patrie des hommes intègres», et «faso» en dioula signifie «terre de nos ancêtres».

Les funérailles sont sans doute l'un des moments les plus importants dans la vie du village. La mort n'est pas la disparition d'une personne mais seulement le passage de son esprit, appelé aussi son «double», dans un autre monde. Afin que le voyage dans l'au-delà de la personne décédée s'effectue dans de bonnes conditions, celle-ci doit être accompagnée des meilleurs soins. Le défunt, dont l'âme ne meurt pas, continue à communiquer avec les membres de sa famille. Il exprime ses humeurs et ses opinions par des manifestations ésotériques. Certaines décisions requièrent l'avis des Ancêtres avant d'être prises, c'est le féticheur qui, par des rituels et des sacrifices*, les interroge et transmet les réponses au monde des vivants. Le défunt communique également avec les vivants en apparaissant dans leurs rêves.

Lorsqu'une personne meurt à l'âge de la vieillesse, les funérailles se déroulent en deux temps. D'abord les petites funérailles, qui sont la période de l'entre-temps et du deuil*; tout est mis en oeuvre pour que l'âme du défunt puisse faire un bon voyage jusque dans le monde des Ancêtres. Si le transfert ne se passait pas bien, son âme errerait dans le village et nuirait aux habitants. Aussi, on enterre le corps avec tout le matériel nécessaire au voyage. Selon les ethnies, on place dans ou sur la tombe des ustensiles de cuisine pour qu'il puisse manger, des armes pour se défendre, des couris pour payer ce dont il aurait besoin, ses sandales et ses vêtements, etc. Durant les trois ou quatre jours qui suivirent le décès d'un vieillard, on sert des repas ou des dolo (boisson fermentée ou alcoolisée) aux visiteurs qui viennent saluer la famille, les griots chantent sans cesse les louanges du défunt et de ses proches. Le soir chez les Mossi, les masques de cuir portés par les seuls initiés sortent et invoquent les Ancêtres pour qu'ils accueillent celui qui va les rejoindre. Puis la famille peut reprendre la vie quotidienne dans la maison du défunt en attendant les grandes funérailles.

Celles-ci se déroulent quelques mois ou années plus tard selon le temps nécessaire à la famille pour trouver les moyens d'organiser une cérémonie à la hauteur de l'estime qu'elle avait pour le défunt. Les grandes funérailles ont lieu en mars ou en avril, avant que les travaux des champs ne reprennent. Elles se déroulent en plusieurs jours, voire une semaine ou dix jours. La participation de tous les villageois est requise. Les femmes préparent le dolo en quantité, on tue des boeufs et des chèvres, selon les moyens de la famille; plusieurs groupes de musiciens sont sollicités pour animer la fête.

IMAGE
La grande mosquée de Bobo-Dioulasso, construite entièrement en bois et boue séchée (Photographe : Anthony Ham 2008 Lonely Planet Publications.)

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-10

Notes

Source: Sylvia Janin, Burkina Faso Pays des hommes intègres, Guides Olézana, 2008, p. 165-166.