L'Encyclopédie sur la mort


Quilliot Roger et Claire

Roger Quilliot

Né le 19 juin 1925, à Hermaville, dans le Pas-de-Calais (France). Membre du comité directeur du Parti socialiste (PS), il avait été nommé ministre de l’Urbanisme et du Logement dans les trois gouvernements dirigés par Pierre Mauroy (1981-1983). A ce titre, il avait été l’artisan de la loi du 12 juin 1982, qui régit les rapports entre bailleurs et locataires, à laquelle son nom reste attaché. Elu président de l’Association des maires des grandes villes de France (1977-1983), il assuma aussi la présidence de l’Union nationale des fédérations d’HLM en 1985, poste auquel il avait été réélu en septembre 1988. Libre esprit, érudit, docteur ès lettres et écrivain, il avait préparé l’édition complète, dans la Pléiade, des oeuvres d’Albert Camus* dont il était l’ami, affirmant être toujours guidé dans son action par les principes de «moralisme universel» cher à l’auteur de L'Étranger.

L'ancien sénateur-maire PS de Clermont-Ferrand a mis fin à ses jours à son domicile le 17 juillet 1998 à l'âge de 73 ans. Claire, son épouse, a tenté de l'accompagner dans la mort, mais elle a été réanimée à l'hôpital de Clermont-Ferrand. Le couple a adressé des lettres à ses enfants et à ses proches pour expliquer son geste. Le journal la Montagne, a reçu un manuscrit d'une vingtaine de pages sur le début de l'histoire d'amour des Quilliot, écrit par l'ancien maire. Dans une lettre d'adieu* adressée au quotidien et cosignée «Roger et Claire Quilliot», le couple évoque longuement le problème du suicide et délivre une sorte de testament politique:

«Nous partons en paix, au moment où une gauche modeste et généreuse l'emporte à Clermont-Ferrand, dans le Puy-de-Dôme et en France. Qu'on se le dise pourtant: il faut toujours peser dans la balance pour rééquilibrer l'injustice. L'ordre est sans cesse remis en cause par le mouvement de la vie; la peste est toujours menaçante; le monstre du racisme et de l'intolérance rase toujours les murs sous les couleurs du Front national et des éternels vichyssois. Rien n'est jamais acquis à l'homme; mais au total, en lui, il y a plus à admirer qu'à blâmer.»

Le couple conclut en citant le Mythe de Sisyphe de Camus. Roger Quilliot a ajouté à la main: «Voilà. Nous avons fait notre temps. Je n'ai pas un tempérament de spectateur! [...] Bon courage.»

Roger Quilliot était confronté depuis plusieurs années à des problèmes de santé qui l'avaient conduit à quitter peu à peu la politique. Le 14 juillet, il s'était rendu dans les locaux du quotidien la Montagne et avait remis lui-même à la rédaction un communiqué annonçant qu'il abandonnait le mandat de sénateur du Puy-de-Dôme, qu'il occupait depuis 1974. Un an auparavant, il avait cédé le siège de maire de Clermont-Ferrand, qu'il détenait depuis 1973.

Claire Quilliot

Écrivain et essayiste Claire Quilliot, l'épouse de Roger Quilliot s'est suicidée, à l'âge de 79 ans, le 12 août 2005. Son corps a été repêché vendredi en fin de matinée dans le lac de Tyx, près de Saint-Avit (Puy-de-Dôme). Elle a avalé les médicaments avant de s'avancer dans l'eau, à la manière de l'écrivain Virginia Woolf* qu'elle admirait tant.

Elle ne pouvait envisager de survivre à son mari après avoir passé sa vie à l'aimer. Six mois après le décès de son époux, elle confiait à Libération (du 5 janvier 1999) son amour pour son époux rencontré en 1945 à Paris, sa hantise de perdre cet homme à la santé fragile, et sa détermination farouche à décider, seule, d'en finir avec la vie. «Pour moi, l'idée du suicide a toujours été un repos», racontait-elle alors. Son travail littéraire l'a poussée vers d'illustres suicidés comme Roger Salengro* ou Primo Levi*. Et elle a consacré une bonne partie de sa vie à chercher les moyens d'en finir. Elle fit une tentative de suicide* en 1975, lorsque son mari était alors hospitalisé à Paris pour une opération à coeur ouvert.

Après le décès de son mari, elle s'était attelée à la publication des Mémoires laissées par son époux (Editions Odile Jacob, vol I, 1999 et vol. II, 2001). Elle militait aussi pour l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD)*. «C'est inadmissible de dépenser des milliards pour des vieillards qui ne peuvent pas survivre, expliquait-elle. Si on le décide, pourquoi ne pourrait-on pas mourir en paix ?» Cette grand-mère, en bonne santé et femme chaleureuse, ne trouvait plus de sens à sa vie. Au moment de la sortie de son livre Primo Levi revisité (Odile Jacob, 2004), elle a fait une nouvelle tentative de suicide en absorbant des médicaments. Son entourage la disait «de plus en plus dépressive*».

Sources

«Roger Quilliot se suicide avec son épouse. Sa femme est en réanimation»
http://www.liberation.fr/politiques/0101251131-
roger-quilliot-se-suicide-avec-son-epouse-sa-femme-est-en-reanimation

Vanessa Schneider, «Claire Quilliot, rejoindre son mari à tout prix»
http://www.liberation.fr/societe/0101538649-claire-quilliot-rejoindre-son-mari-a-tout-prix
Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30