Clemens Brentano (1778-1842) et Achim von Arnim (1781-1831) s'installent à Heidelberg près du Neckar pour rassembler, entre 1805 et 1808, plus de mille chants populaires (ballades épiques. chansons de troubadours, chorals chrétiens et rondes enfantines) dans un recueil intitulé
Le cor enchanté de l'enfant. Goethe* estima que ce recueil «devrait figurer dans toutes les maisons où habitent des hommes aux coeurs frais». Des compositeurs allemands dont Johannes Brahms (1833-1897),
Robert Schumann* (1810-1856) et
Gustav Mahler (1860-1911) ont mis en musique plusieurs de ces
Lieder.
Dans le chant «La vie ici-bas» l'enfant exprime, d'un ton spontané et naïf, la vie toute simple du peuple, pleine de promesses déçues et sans cesse menacée de mort:
«Mère, ah mère, j'ai grand-faim,
Donne-moi du pain ou je meurs.»
«Attends donc, mon cher enfant,
Demain nous ferons vite la moisson.»
Et quand le blé fut récolté,
L'enfant criait encore:
«Mère, ah mère, j'ai grand-faim,
Donne-moi du pain ou je meurs.»
«Attends donc, mon cher enfant,
Demain nous ferons vite cuire le pain.»
Et quand le grain fut battu,
L'enfant criait toujours:
«Mère, ah mère, j'ai grand-faim,
Donne-moi du pain ou je meurs.»
«Attends donc, mon cher enfant,
Demain nous ferons vite cuire le pain.»
Et quand le pain fut cuit,
L'enfant gisait dans un cercueil.
Source:
Le cor enchanté de l'enfant, 1805-1808, traduction de Françoise Ferlan, 1989, publié dans «Et il coule dans le Rhin, il va voguer au loin», Oriane Jeancourt-Galignani, «
Le cor enchanté de l'enfant de Brentano et Arnim»,
Le Point Références Les textes fondamentaux, «Romantisme»
, juillet-août 2010, p. 32-33
