Né le 21 octobre 1878 à Nyíregyháza et décédé le 12 mai 1933 à Budapest). Un des plus grands noms de la littérature hongroise. On lui prête une œuvre immense (au-delà de cent trente titres), notamment, traduits en français, N. N. (Paris, L’Harmattan, 1985) et Sindbad ou la nostalgie (Arles, Actes Sud, 1998). L’auteur «entreprend, sous forme d’abord de nouvelles, plus tard aussi de romans, de nous conter par le menu les aventures d’un alter ego nommé Sindbad, marin merveilleux, chevalier de brume, séducteur au long cours et néanmoins disciple des bons pères, éternel naufragé, à la dérive, en expiation d’on ne sait quelle faute à travers une Hongrie de manoirs, d’auberges et de confitures d’abricots, aux confins du songe et de la réalité, du présent et du souvenir, de l’onirique et de l’ironique, de la vantardise et de l’aveu, de la vie et de la mort» (J.-L. Moreau, «Préface», G. Krudy, Sindbad, p. 9).
Sindbad, œuvre très autobiographique, est l’histoire d’un revenant qui retourne dans les villages où il avait jadis séjourné à la recherche de femmes qui l’avaient aimé et, en fin de compte, à la recherche de l’image maternelle. Krudy intitule un de ses récits «Tant que sa mère vit, l’homme vaut quelque chose». Dans ses nouvelles, les suicides de jeunes gens, mais surtout de femmes, font partie du scénario. Le Danube est peuplé d’amants tragiques. Fanni, la jeune fille des «Années de jeunesse», «fut heureuse, et dans son bonheur, elle se jeta dans le Poprad près de la digue du moulin» (p. 31). Son ami, le petit bossu, surnommé «le pape Grégoire», lâcha la barre de fer et disparut dans l’eau du Poprad «sans un mot» (p. 36). Dans «Voyage sentimental», Sindbad «descendit lentement dans le Danube afin de rencontrer sa défunte bien-aimée quelque part en aval de l’île. Peut-être ferait-il même connaissance, en cours de route, avec d’autres femmes suicidées» (p. 152).
Les écrits de Krudy reflètent sans doute une certaine mentalité romantique de son temps où vie, mort et amour se confondent, ce qui semble se confirmer depuis l’avènement des statistiques *, car la Hongrie a un taux très élevé de suicide.
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© Éric Volant
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