Surnommé le «docteur suicide», Jack Kevorkian, né en 1928 à Pontiac, Michigan, États-Unis et décédé le 3 juin 2011 à Detroit, Michigan, affirma avoir aidé près de cent vingt personnes à mourir. La chaîne de télévision cbs a diffusé en novembre 1998 un reportage le montrant en train d’assister médicalement, en septembre de la même année, le suicide de Thomas Youk, cinquante-deux ans, atteint de sclérose latérale amyotrophique (maladie de Lou Gehrig ou de Charcot). Ses commentaires provocateurs mettant les autorités au défi de l’arrêter avaient conduit à son inculpation pour meurtre par un juge d’un tribunal de district, à Waterford Township au Michigan, le 9 décembre 1988. Un jury populaire l’a reconnu coupable de meurtre le 26 mars 1999.
La juge de Pontiac au Michigan, Jessica Cooper, l’a condamné à une peine de prison minimale de dix ans et maximale de vingt-cinq ans. Elle lui rappelle qu’en novembre 1998 les électeurs du Michigan avaient refusé de légaliser le suicide assisté*:
« Personne n’est au-dessus de la loi, vous n’aviez plus le droit de pratiquer la médecine depuis huit ans quand vous avez commis ce délit. Vous avez eu l’audace, à une télévision nationale, de montrer au monde ce que vous aviez fait en mettant au défi le système judiciaire de vous arrêter ».
Au procès, la femme de Thomas Youk, Melody, avait témoigné en faveur de Kevorkian, expliquant les souffrances de son mari, affirmant que celui-ci n’était pas déprimé et qu’il avait lui-même demandé l’aide du médecin. «Tous les Américains devraient être outrés», estime Terry Youk, le frère de Thomas, «Jack Kevorkian n’est pas un criminel». Kevorkian avait été jugé quatre autres fois depuis 1994 et n’avait jamais été condamné. Il avait été acquitté trois fois; le quatrième procès s’était soldé par un non-lieu. Il s’agissait dans chacun des cas d’une inculpation pour suicide assisté. Kevorkian a été condamné par la cour du Michigan pour avoir tué directement une personne, parce que celle-ci n’était pas capable de se tuer elle-même (euthanasie). Dans une entrevue à la radio, il a déclaré que, si on lui accorde la libération conditionnelle en 2007, il limitera par la suite son action à faire campagne en faveur d’une nouvelle législation en matière de suicide assisté.