Le suicide est très souvent un acte par lequel un individu ou un groupe tente d’échapper à l’adversité, qui peut prendre des formes multiples. Selon la typologie* de Baechler*, la fuite appartient au type escapiste. Ce type désigne tous les cas où le suicide est choisi comme un moyen d’échapper à un fait, un état ou un objet, perçus ou éprouvés comme mauvais et intolérables. Dans cette catégorie escapiste, la fuite indique plus particulièrement le suicide comme un moyen d’échapper à une situation appréhendée comme insoutenable. C’est, entre autres, une des caractéristiques spécifiques de la mort volontaire des chefs d’État et des chefs militaires, à la suite d’une défaite importante qui cause la ruine de leur pays, la destruction de leurs aspirations collectives ou de leurs ambitions personnelles. C’est aussi le sort que s’imposent des hommes politiques ou des militaires pour éviter l’emprisonnement ou la mort imposée par les vainqueurs, mais aussi pour se libérer de leur situation de réfugié, d’exilé ou de prisonnier. La mort volontaire est un moyen pour fuir la honte* attachée à la défaite. Elle prend alors les traits du deuil*, deuxième sous-type du type escapiste, ou de la perte d’un élément central de la vie ou de la personnalité du sujet. Quelquefois, le suicide des chefs politiques ou militaires s’accomplit en tant que geste de châtiment ou d’autopunition.
