L'Encyclopédie sur la mort


Et si la mort m'aidait à vivre?

Suzanne Bernard, Et si la mort m'aidait à vivre?, Préface de Jean Monbourquette, Québec, Le Dauphin Blanc, 2002.

Dans le cadre de sa thèse en sociologie, Suzanne Bernard a élaboré un questionnaire portant sur les différents thèmes ayant tous trait à la mort de près ou de loin. Les personnes en entrevue confirmeraient-elles que la relation à la mort varie selon l'état de la société et l'âge des gens? Pour vérifier, l'auteure a rencontré des représentants de trois générations distinctes dont le temps de vie correspondrait à une plus ou moins longue période de l'évolution récente et rapide de la société québécoise. Son choix s'est fixé sur trente personnes qui se répartissent comme suit: dix jeunes de 18 à 26 ans; dix adultes de 35 à 45 ans; dix aînés de 66 à 96 ans.

Ces entrevues lui ont révélé que tout au long de la vie, la mort occupe une place particulière. Les conceptions de la mort et les rapports à la mort changent avec l'âge. Chez les aînés interrogés, vie et mort sont intimement liées. Les adultes interrogés, au mitan de leur vie, réfléchissent beaucoup plus à la mort qu'au temps de leur jeunesse. Les jeunes interrogés ne pensent pas à la mort, sauf si l'un des leurs décède. Comme les adultes, les jeunes désirent une mort rapide et sans douleur. Certains parmi eux éprouvent le besoin marqué d'accompagner les mourants.

L'approche de l'auteure est visiblement inspirée par sa foi chrétienne et son livre semble destiné avant tout à des lecteurs qui partagent la croyance de l'auteur. Dès lors, la conclusion ultime de sa recherche n'étonne plus: «sans la présence d'une spiritualité vivante dans notre existence, nous continuerons de mourir dans la désespérance». Et elle termine son livre ainsi: «hors de la foi, point d'espérance» (en majuscules). Cette conviction toute personnelle demeure pourtant sujette à la critique. En effet, notre expérience nous a appris que plusieurs personnes meurent dans l'espoir que leurs proches ainsi que l'humanité entière pourra cheminer vers la paix ou vers tout autre accomplissement dont le rêve a su donner sens à leur vie sans recours à une religion explicite.

Le contenu de ce livre véhicule une spiritualité, qui domine le milieu des soins palliatifs* et qui ne répond pas forcément aux besoins exprimés par une portion assez importante de la population dans le débat autour des soins en fin de vie ou du «mourir dans la dignité».

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-10