Électre, fille d'Agamemnon et de Clytemnestre, a été immortalisée par les poètes tragiques Euripide et Sophocle. Épargnée lors de l'assassinat d'Agamemnon par Clytemnestre et Égisthe, elle réussit également à sauver son tout jeune frère Oreste, en le cachant sous sa robe et en le portant hors de la ville de Mycènes, à un vieux précepteur de son père. Selon une des versions, Électre avait été fiancée avec Castor peu avant le meurtre. Mais le mariage ne fut pas consommé, car Égisthe, craignant qu'elle ne donnât naissance à un fils qui vengerait un jour son grand-père, la confia à un paysan mycénien. Ayant vécu longtemps dans la pauvreté et la solitude, Électre, venue se recueillir sur la tombe de son père, voit venir auprès d'elle Oreste qui se fit reconnaître. Frère et soeur décidèrent avec Pylade de tuer Clytemnestre et Égisthe. Oreste et Pylade se dirigèrent vers le palais en annonçant qu'Oreste était mort et purent ainsi pénétrer dans le palais et tuerent Clytemnestre et Égisthe. Électre n'abandonna pas son frère, sans cesse tourmenté par les Érinyes, et le protégea de la colère de son peuple, qui lui reprochait son matricide. Un jour parvint à Mycènes la nouvelle qu'Oreste et Pylade avaient été sacrifiés sur l'autel d'Artémis en Tauride. Aussitôt, Alétès, le fils d'Égisthe, monta sur le trône de Mycènes, et Électre allant consulter l'oracle rencontra à Delphes Iphigénie*, sa sœur, qui affirma qu'elle était la prêtresse qui avait immolé les deux hommes, dont Oreste, son frère. Électre, dans sa fureur, saisit un brandon et allait brûler les yeux de sa sœur quand Oreste apparut, et tous les trois purent retourner dans la joie à Mycènes. Oreste tua Alétès et épousa Hermione. Électre se maria avec Pylade et donna le jour à deux fils, Médon et Strophios.
remacle.org/bloodwolf/tragediens/sophocle/Electre3.htm
Électre est la figure de l'endeuillée éternelle. Le deuil* d'Électre est un deuil qui ne saurait exister dans une cité grecque. Le deuil est normalement un temps strictement limité pendant lequel les vivants participent de la mort et les morts de la vie. Une fois les rites funéraires accomplis, il convient de se séparer du mort et de continuer à vivre. (Florence Dupont, L'insignifiance tragique, 2001) La cité Athénienne avait strictement limité les manifestations de deuil féminin qu'elle jugeait démoralisantes et pernicieuses. Pour Nicole Loraux (La voix endeuillée Essai sur La Tragédie Grecque, Gallimard, «Essais», 1999), un deuil qui s'exprime, comme celui d'Électre, sur le mode du toujours, est fondamentalement anti-politique.
Électre est une morte-vivante qui ne s'est jamais séparée de son père mort. Elle est alektra (jeu de mot sur son nom qui est fait par Sophocle lui-même), c'est-à-dire la fille sans lit, celle qui n'aura jamais ni mari, ni enfant. Or une femme grecque ne se réalise normalement que dans le mariage et la maternité. Or, Électre n'existe que par son chant de deuil: c'est ce qui en fait une figure pathétique et spectaculaire, mais également une figure de pure fiction.
http://www.ac-versailles.fr/pedagogi/Lettres/tragrectl.htm
Le complexe d'Electre appelé par Freud «le complexe d'Oedipe féminin», est l'équivalent du complexe d'Oedipe, mais pour la petite fille. Il se manifeste en l'attirance de la petite fille pour son père, et l'hostilité envers sa mère. Jung le renommera plus tard «complexe d'Électre».
Arts et Lettres
Sophocle, Électre, Nouvelle traduction par Philippe Renault
remacle.org/bloodwolf/tragediens/sophocle/Electre.htm
Les Électres tragiques: Eschyle - Sophocle - Euripide, Les Choéphores, Électre et Électre, traduit par : V.-H. Debidour, introduction, commentaires et notes par Anne Lebeau, Paris, LGF, «Le Livre de poche», 2005, Édition critique de trois tragédies grecques du Ve siècle avant notre ère consacrées à un même épisode de la légende des Atrides. L'analyse fait apparaître échos, divergences et innovations entre les trois pièces de cet ensemble.
Jean Giraudoux, Èlectre, pièce de théâtre représentée pour la première fois le 13 mai 1937 au Théâtre de l'Athénée,avec une mise en scène de Louis Jouvet.
http://www.lettres.net/electre/index.htm
Jean-Baptiste Lemoyne, Électre, opéra en 3 actes, livret de Nicolas-François Guillard, 1782.
fr.wikipedia.org/wiki/Électre
Elektra, pièce de Hofmannsthal, un huis clos étouffant et brutal entre trois femmes et trois façons d’affronter le tragique.
Lire: Hugo Von Hofmannsthal, Correspondance avec Richard Strauss, Fayard , 1992. La rencontre décisive entre les deux artistes se fit à l'occasion d'Elektra que Strauss choisit de mettre en musique.
Électre, tragédie française du baron Hilaire de Longepierre (1702).
Électre, tragédie française de Prosper Jolyot de Crébillon (1709).
Le Deuil sied à Électre, pièce d'Eugene O'Neill, film de Dudley Nichols (1947).
Électre, film britannique de Michael Cacoyanis (1962), d'après l'Électre d'Euripide.
Nikos Lygeros, Oreste et Electre, tragédie humaine en douze épisodes, 2000.
«Relief de Milo» : Electre, Oreste et Pylade au tombeau d'Agamemnon, vers 460-450 av J.C.
reproductions.chapitre.com/repro/non_precise/RELIEF-DE-MILO-ELECTRE-ORESAINTE-ET-PYLADE-AU-TOMBEAU-D-AGAMEMNON.html
«Électre et Oreste», sculpture, musée Bourbon à Naples,
http://w3.u-grenoble3.fr/homerica/rh/images/plastiques/Oreste-Electre-MNR-1.jpg
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