L'Encyclopédie sur la mort


Chénier André

André Marie de Chénier, dit André Chénier, né le 30 octobre 1762 à Constantinople, poète et journaliste français, fut condamné à mort par le Tribunal révolutionnaire, pour avoir « récélé les papiers de l'ambassadeur d'Espagne », et fut guillotiné le 25 juillet 1794, deux jours avant l’arrestation de Robespierre. Au moment de monter sur l’échafaud en se désignant la tête, ses dernières paroles auraient été : « Pourtant, j’avais quelque chose là ! ». Il fut vraisemblablement enterré avec les autres victimes de la Terreur dans le cimetière de Picpus à Paris.

Schoenewerk

La jeune Tarentine
Pleurez, doux alcyons, ô vous, oiseaux sacrés,
Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons, pleurez.
Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine.
Un vaisseau la portait aux bords de Camarine.
Là, l'hymen, les chansons, les flûtes, lentement
Devaient la reconduire au seuil de son amant.
Une clef vigilante a pour cette journée
Dans le cèdre enfermé sa robe d'hyménée
Et l'or dont au festin ses bras seraient parés
Et pour ses blonds cheveux les parfums préparés.
Mais, seule sur la proue, invoquant les étoiles,
Le vent impétueux qui soufflait dans les voiles
L'enveloppe. Étonnée, et loin des matelots,
Elle crie, elle tombe, elle est au sein des flots.
Elle est au sein des flots, la jeune Tarentine.
Son beau corps a roulé sous la vague marine.
Thétis, les yeux en pleurs, dans le creux d'un rocher
Aux monstres dévorants eut soin de le cacher.
Par ses ordres bientôt les belles Néréides
L'élèvent au-dessus des demeures humides,
Le portent au rivage et, dans ce monument,
L'ont, au cap du Zéphyr, déposé mollement.
Puis de loin à grands cris appelant leurs compagnes,
Et les Nymphes des bois, des sources, des montagnes,
Toutes, frappant leur sein et traînant un long deuil,
Répétèrent : Hélas ! autour de son cercueil.
Hélas ! chez ton amant tu n'es point ramenée.
Tu n'as point revêtu ta robe d'hyménée.
L'or autour de tes bras n'a point serré de noeuds
Les doux parfums n'ont point coulé sur tes cheveux.

Commentaire
«Le sujet de ce petit tableau à la manière antique est la triste histoire d'une jeune fille qui mourut alors qu'elle se rendait dans la ville où elle devait se marier. Le thème est donc celui de la beauté fragile guettée par la mort, du scandale de la mort de cette innocente, aux portes du bonheur, qui est victime* de la fatalité, du destin. C’est une églogue funéraire, pleine de grâce et d’harmonie. Ce pourrait être une épitaphe* gravée sur le tombeau où Thétis et les Nymphes déposèrent le corps de Myrto. »

(Source: André CHÉNIER (France) : «Le siècle des Lumières ne fut pas ...»
www.comptoirlitteraire.com/uploads/2007/08/chenier.doc

À mettre en rapport avec son poème «sur la mort d'un enfant» qui débute ainsi: «L'innocente victime» et avec sa mort prématurée.

L’OPERA
La destinée de Chénier a inspiré l’opéra en 4 acte d' Umberto Giordano, André Chénier dont la première eut lieu à La Scala de Milan, le 28 mars 1896. Au début de Acte 4: dans la prison Saint-Lazare, Chénier écrit son dernier poème, adieu* à la vie et hymne exalté à la poésie. («André Chénier», Window's Live, 26 décembre 2005
http://cristolinette.spaces.live.com/blog/cns!9734FC87D57E46CA!6312.entry

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«La jeune Tarentine» par Alexandre Schoenewerk, sculpture en marbre, 1871,Coll. Musée d’Orsay, Paris (France).

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-18