L'Encyclopédie sur la mort


5 pièges à éviter au salon funéraire

Vous apprenez qu’un ami vient de perdre sa femme et une visite au salon funéraire
s’impose. Peu de gens sont à l’aise avec cette idée. Comme le chantait Jacques Brel*, c’est
triste de voir un ami pleurer. Le désarroi de ceux qui nous sont chers nous plonge au cœur
de notre propre vulnérabilité. Et pourtant, qu’y a-t-il de plus touchant qu’une épaule
offerte aux sanglots de l’autre, ou qu’une main chaude doucement posée sur la douleur
des affligés.

Alors, on prend son courage à deux mains et on se prépare, en espérant ne pas avoir à y
rester trop longtemps. Comme le malaise s’intensifie généralement à l’approche des
condoléances, il arrive que certaines personnes trébuchent en paroles ou en gestes, de
sorte que l’expérience devient rapidement désagréable au détriment d’une intention
charitable. Peut-on y remédier ? C’est plus difficile de rattraper une maladresse échappée.
Il est préférable de prendre quelques précautions et d’essayer d’éviter les pièges dans
lesquels il est courant de tomber.

1. Se diriger directement vers un parent ou une amie qu’on n’a pas vue depuis
longtemps


On le sait, les funérailles sont propices aux retrouvailles. La parenté qu’on néglige, les
amis éloignés… Plusieurs personnes renouent des liens relâchés par le temps. Dès lors,
lorsqu’on aperçoit cousin Germain qui a maintenant un petit marmot, c’est bien tentant
d’aller vers lui piquer un brin de jasette avant d’offrir ses condoléances au principal
intéressé. Sans aller jusqu’à ignorer ceux qui vous interpellent, vous pouvez gentiment
mentionner que vous souhaitez tout d’abord offrir votre soutien aux personnes
endeuillées. Cousin Germain comprendra très bien que ce n’est pas du snobisme, et
personne ne vous en tiendra rigueur.

2. Oublier la présence du défunt

La mort fait peur. Si on le pouvait, on ferait un détour pour ne pas la voir de près.
Auparavant, on prenait le temps de se recueillir auprès du défunt qui était exposé. Avec la
tendance actuelle des funérailles en présence des cendres, il est plus facile de passer outre
devant l’urne et d’ignorer qu’elle contient une vie qui vient à peine de se terminer.
Prendre quelques instants pour se rapprocher du défunt permet d’aider à boucler la
boucle, mais c’est aussi une marque de soutien pour ceux qui restent et qui traduisent
chacun de vos gestes comme un hommage à l’être cher.

3. S’imposer

Pour ne pas avoir à faire face aux émotions qui surgissent, certaines personnes
occuperont l’espace jusqu’à l’envahissement. Elles parleront forts, rirons à l’excès, feront
des blagues parfois déplacées. Par leur déplacement et leurs échanges bruyants,
l’ambiance propre au recueillement s’en trouve ainsi altérée. Il est suggéré d’échanger de
manière à ne pas troubler l’environnement empreint de respect devant la mort qui
demeure un drame pour la plupart d’entre nous. Évitez aussi de parler de vos propres
deuils, à moins d’y être invité. Ramener tout à soi est une façon de s’imposer. Dans un
esprit de compassion, il est de mise de se concentrer sur la souffrance de ceux qui ont
besoin de votre soutien. Par ailleurs, essayer de ne pas occuper l’espace autour du défunt
au détriment des proches, afin qu’ils puissent entretenir une proximité avec l’être cher
chaque fois qu’ils le désirent.

4. Laisser les enfants sans surveillance

Afin que les enfants puissent aussi prendre part aux rituels d’adieu, leur présence est
encouragée au Salon funéraire. Cependant, il va de soi qu’un encadrement de votre part
est exigé. Trop souvent, on oublie que le lieu peut effrayer des enfants qui font face à la
mort pour la première fois. Une certaine turbulence peut en découler. Votre rôle sera de
leur accorder toute l’attention nécessaire dans le but de les aider à apprivoiser la mort et
les émotions associées. Lorsque ceux-ci expriment le besoin de bouger, assurez-vous que
leurs élans ne causent aucun préjudice. À la rigueur, apportez un petit jouet discret qui
saura capter leur intérêt tout en étant adapté aux circonstances.

5. Régler des comptes

Pourquoi des funérailles ? Certainement pas pour régler des différends! Si vous êtes en
froid avec votre belle-sœur, de grâce, une trêve est recommandée. Faites la paix quelques
heures. C’est trop difficile ? Évitez la belle-sœur ! C’est impossible ? Rappelez-vous
alors pourquoi vous êtes là. Pour qui vous vous êtes déplacé. Parce que les émotions sont
souvent à fleur de peau, un contrôle de soi sera d’autant plus exigeant. Mais combien
salutaire pour les personnes présentes qui n’ont guère envie de voir l’ambiance s’alourdir
par une escalade de bêtises ou un froid sybérien. Si le cœur vous en dit, l’heure pourrait
même être à la réconciliation. Il n’est pas rare que la présence de la mort provoque des
pardons souvent inspirés par la mémoire du défunt.

Pourquoi des funérailles ?

Empreintes du décorum requis, les funérailles permettent un temps d’arrêt pour :

- Prendre conscience de la perte qui nous afflige
- Rendre hommage à la personne décédée
- Laisser partir l’être cher… lui dire adieu*
- Se solidariser autour de ceux qui restent

Afin de :

- Mettre en relief ce qui a été légué
- Partager des souvenirs, échanger des réflexions
- Réunir les proches ainsi que la communauté
- Exprimer son chagrin et ses émotions
- Recevoir réconfort et soutien
- Laisser la musique et les rituels nous apaiser
- Amorcer le processus de deuil*
- Retrouver le sens du sacré
- Poursuivre les traditions
- Transmettre nos valeurs aux générations à venir

Des funérailles : Pour le repos des morts et la paix des vivants!

© Maryse Dubé
9 janvier 2012

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-10