Dans son autobiographie L'amour fort comme la mort, Chouraqui raconte que sa vie, comme celle des hommes de sa génération, se déroule, depuis sa naissance, dans un monde en guerre. Le conflit proche-oriental est si ancien et si complexe que personne ne tente plus de l'expliquer de manière rationnelle : il dure depuis trois quarts de siècle. S'il était Israël déféré devant le tribunal des nations, loin de se défendre, il plaiderait coupable d'avoir cru que l'amour et la vie sont plus forts que la mort, d'avoir cru en la résurrection d'Israël et des peuples. Ce qui se dégage de ce texte c'est la dimension collective de la résurrection ou de la création nouvelle d'une nation.
Juifs, nous savions de quel prix nous devions payer le droit de vivre. Quand nous en mourions, nos prophètes nous enseignaient que nous ne tarderions guère à ressusciter en gloire : la résurrection des morts serait l'apanage de la fin des temps. Folie que cela? Certes, mais pas plus grande que de rêver de paix universelle, de justice. Les chrétiens se sont établis sur cette folie, annonçant au monde que leur Messie, Jésus, était le premier ressuscité : d'autres suivraient.
Or voici que, tout d'un coup, rescapés de l'enfer hitlérien, nous ressuscitons avec notre terre et notre langue, celle de la Bible. Les Évangiles suggèrent la stupeur des disciples devant Jésus ou Lazare ressuscités. L'agression du monde arabe, ses guerres pour empêcher Israël de naître, puis après sa naissance pour le renvoyer dans sa tombe, ne provient-elle pas d'une terreur de même nature, celle que nous aurions tous si nous voyions une tombe s'ouvrir, un squelette en sortir, se revêtir de muscles, de chair, de peau, d'esprit, et si nous l'entendions nous parler soudain dans une langue morte elle aussi depuis deux mille ans ?
Il y a de cette peur aussi dans le refus du Vatican de normaliser ses relations avec Israël, plusieurs décennies après sa renaissance. Il n'est pas aisé de prendre acte de la résurrection d'un homme, à plus forte raison de celle d'un peuple dit élu et d'une langue réputée sacrée...
Eglises et mosquées finiront nécessairement par prendre leur parti de ce que Kierkegaard* appellerait une suspension ontologique de la loi de nature qui veut qu'un mort - homme, peuple ou langue - ne ressuscite pas.
Puisque j'ai ressuscité, dit Israël, vous finirez bien par en prendre acte. Ensemble ne devrions-nous pas oeuvrer pour sauver notre planète de l'anéantissement qui la menace ?
Or voici que, tout d'un coup, rescapés de l'enfer hitlérien, nous ressuscitons avec notre terre et notre langue, celle de la Bible. Les Évangiles suggèrent la stupeur des disciples devant Jésus ou Lazare ressuscités. L'agression du monde arabe, ses guerres pour empêcher Israël de naître, puis après sa naissance pour le renvoyer dans sa tombe, ne provient-elle pas d'une terreur de même nature, celle que nous aurions tous si nous voyions une tombe s'ouvrir, un squelette en sortir, se revêtir de muscles, de chair, de peau, d'esprit, et si nous l'entendions nous parler soudain dans une langue morte elle aussi depuis deux mille ans ?
Il y a de cette peur aussi dans le refus du Vatican de normaliser ses relations avec Israël, plusieurs décennies après sa renaissance. Il n'est pas aisé de prendre acte de la résurrection d'un homme, à plus forte raison de celle d'un peuple dit élu et d'une langue réputée sacrée...
Eglises et mosquées finiront nécessairement par prendre leur parti de ce que Kierkegaard* appellerait une suspension ontologique de la loi de nature qui veut qu'un mort - homme, peuple ou langue - ne ressuscite pas.
Puisque j'ai ressuscité, dit Israël, vous finirez bien par en prendre acte. Ensemble ne devrions-nous pas oeuvrer pour sauver notre planète de l'anéantissement qui la menace ?